Harris, les yeux rivés sur la suite, accepte l'investiture de son parti
Savourer "l'espoir" retrouvé du parti, rappeler que dans cette campagne folle face à Donald Trump, rien n'est gagné: Kamala Harris acceptera solennellement jeudi à Chicago l'investiture démocrate.
La vice-présidente de 59 ans, après avoir électrisé son camp, veut s'adresser à l'Amérique toute entière, selon un responsable de son équipe de campagne, qui a requis l'anonymat.
"Il n'y a pas de deuxième chance pour faire une bonne première impression", note le politologue Larry Sabato. "Les électeurs ont vu le style Kamala. Maintenant il leur faut le programme Kamala."
Son discours arrivera en clôture d'une convention euphorique voire franchement survoltée, qui a attiré chaque soir, quand les orateurs de marque montaient sur scène, des millions de téléspectateurs.
Kamala Harris va profiter de cette audience pour se présenter à un pays qui ne la connaît pas forcément très bien, après bientôt quatre années au poste ingrat de vice-présidente.
- Classe moyenne -
La démocrate, née d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, évoquera son enfance dans la classe moyenne et ses engagements d'ancienne procureure de Californie, selon la source déjà citée.
Elle opposera à son rival républicain, qui se dit seul capable d'arrêter le "déclin" du pays, une vision résolument optimiste du destin américain, selon son équipe de campagne.
Le site FiveThirtyEight, qui agrège des enquêtes d'opinion, donnait mercredi environ trois points d'avance à Kamala Harris sur Donald Trump dans les intentions de vote au niveau national.
Cet écart n'est en rien une garantie de victoire, à 74 jours d'un scrutin qui se jouera, comme en 2016 et 2020, dans une poignée d'Etats clé.
Tant de choses peuvent se passer d'ici là. En quatre semaines ahurissantes, l'Amérique a bien vu son actuel président, Joe Biden, abandonner sa candidature, et son ancien président Donald Trump être victime d'une tentative d'assassinat.
- "Election serrée" -
Quel impact, par exemple, si le candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr jette l'éponge et apporte son soutien au milliardaire de 78 ans? Selon les médias américains, il s'y prépare.
"Quelle que soit l'incroyable énergie que nous avons réussi à générer ces dernières semaines, ce sera une élection serrée dans un pays fortement divisé", a averti mardi l'ancien président Barack Obama.
"Cela reste une rude bataille", a aussi mis en garde sa femme Michelle Obama, autre enfant chérie du parti.
Dans cette bataille, Kamala Harris entend contester au parti républicain la défense d'une valeur centrale de sa rhétorique, la liberté - en anglais, "Freedom", comme le titre de la chanson de Beyoncé devenue l'hymne de campagne de la vice-présidente.
- "Liberté" -
Les républicains promettent de défendre la liberté individuelle contre un gouvernement intrusif, qui empile les taxes, les régulations et les interdictions.
La vice-présidente utilise le mot pour désigner des droits et les protections garanties par la puissance publique, entre autres le droit à l'avortement.
"Quand les républicains parlent de liberté, ils parlent de la liberté pour le gouvernement d'envahir le cabinet de votre médecin, de la liberté pour les entreprises de polluer votre air et votre eau", a attaqué mercredi son colistier, Tim Walz.
"Mais quand nous, démocrates, parlons de liberté, nous parlons de la liberté d'avoir une vie meilleure" et de "la liberté pour vos enfants d'aller à l'école sans avoir peur d'être abattus dans le couloir", a déclaré le gouverneur du Minnesota en acceptant l'investiture démocrate.
L'ancien président républicain présente sa rivale comme une "gauchiste folle", qui veut faire basculer l'Amérique dans le "communisme".
Jeudi, le milliardaire de 78 ans ira en Arizona, Etat frontalier du Mexique, et portera l'affrontement sur un terrain qu'il juge favorable: l'immigration illégale.
Sur son réseau "Truth Social", il a reproché mercredi à la "camarade Kamala" d'avoir "déchaîné sur l'Amérique un fléau de crimes et de viols commis par des migrants", une accusation qui n'est pas confirmée par les statistiques policières.
C.Moreno--RTC