Solingen: Scholz, "en colère", dénonce "un terrorisme contre nous tous"
Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié lundi d'acte de "terrorisme contre nous tous" l'attentat meurtrier de Solingen pour lequel un Syrien soupçonné de liens avec l'organisation Etat islamique (EI) a été arrêté.
"C'était du terrorisme, du terrorisme contre nous tous" a déclaré le dirigeant lors d'un déplacement dans la ville de l'ouest de l'Allemagne, disant être "en colère (...) contre les islamistes qui menacent la coexistence pacifique entre nous tous".
Il a promis aussi de durcir "très rapidement" la législation sur le port des armes et de "tout faire" pour "expulser ceux qui ne peuvent et ne doivent pas rester en Allemagne" alors que le drame a relancé le débat sur la politique migratoire dans le pays.
M. Scholz, accompagné par des dirigeants régionaux, s'était auparavant recueilli sur les lieux de l'attaque de vendredi soir, qui a fait trois morts et huit blessés lors de festivités locales.
Bouquets de fleurs, bougies, messages témoignent de l'émotion qui a saisi la ville de quelque 160.000 habitants située à l'ouest du pays, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
L'attentat renforce la pression sur le chef du gouvernement à une semaine d'élections régionales à haut risque dans deux Etats de l'est de l'Allemagne.
Après une journée de cavale, un Syrien de 26 ans s'est rendu samedi soir aux autorités et a déclaré, selon la police, "être responsable" du crime.
L'EI a revendiqué cet acte et assuré que l'assaillant avait agi "pour venger les musulmans de Palestine et de partout ailleurs", selon un communiqué du groupe jihadiste transmis via son organe de propagande Amaq.
- Tuer le plus possible -
Le suspect voulait "tuer le plus grand nombre possible de personnes", a estimé le parquet fédéral de Karlsruhe qui a fait état dimanche de "forts soupçons d'appartenance" à l'EI.
"Il a poignardé à plusieurs reprises et de manière ciblée, dans le dos, le cou et le torse, des visiteurs du festival", a décrit le parquet.
Le suspect, désigné par la justice comme Issa Al H., est, selon les autorités locales, arrivé dans le pays en décembre 2022 et faisait l'objet d'une mesure d'expulsion vers la Bulgarie, Etat de l'Union européenne où son entrée avait été enregistrée et où il aurait dû déposer sa demande d'asile, en vertu des règles communautaires.
Selon le vice-chancelier allemand Robert Habeck, il ne figurait pas sur les listes répertoriant les extrémistes islamistes considérés comme dangereux.
Ces dernières années, l'Allemagne a été le théâtre de plusieurs attentats jihadistes, dont le plus meurtrier, une attaque au camion en décembre 2016 sur un marché de Noël à Berlin, avait fait 12 morts.
A Solingen, deux hommes âgés de 56 et 67 ans ainsi qu'une femme de 56 ans ont été tués à coups de couteau alors qu'ils assistaient à un concert parmi des milliers de spectateurs.
Des festivités devaient célébrer durant trois jours le 650e anniversaire de cette ville située non loin de Düsseldorf et Cologne.
- "Chaos" -
L'attaque a relancé le débat sur la politique migratoire et de sécurité publique.
Le parti d'extrême droite AfD, bien placé pour obtenir un score inédit lors des élections régionales du week-end prochain dans deux Etats d'ex-RDA communiste, la Saxe et la Thuringe, a accusé les gouvernements successifs d'avoir provoqué "le chaos" en accueillant trop d'immigrés.
Lundi, sa co-présidente Alice Weidel a réclamé sur la télévision publique ZDF "un arrêt de l'immigration, de l'accueil et de la naturalisation pendant 5 ans"
Friedrich Merz, le chef des conservateurs de la CDU, principal parti d'opposition, a lui exhorté le gouvernement à ne "plus accueillir de réfugiés" venant de "Syrie et d'Afghanistan".
La coalition d'Olaf Scholz était déjà sous pression depuis plusieurs semaines pour expulser plus rapidement et efficacement les déboutés du droit d'asile et pour reprendre les expulsions de délinquants vers l'Afghanistan et la Syrie, deux pays pour lesquels Berlin avait décrété un moratoire en raison de la situation politique interne.
Les critiques s'étaient multipliées depuis la survenue d'une attaque au couteau perpétrée par un Afghan de 25 ans à Mannheim (ouest) fin mai.
Cet assaut ayant visé un rassemblement anti-islam et suspecté d'avoir une motivation islamiste avait coûté la vie à un policier et fait cinq blessés.
Y.Schmitz--RTC