Washoe, le comté qui a le dernier mot au Nevada
S'il n'attribue que six grands électeurs, le Nevada reste un marchepied crucial vers la Maison Blanche. Dans cet Etat de l'Ouest américain, le comté de Washoe tient traditionnellement les clés du scrutin.
Voici cinq choses à savoir sur le berceau de l'autoproclamée "plus grande petite ville du monde", Reno.
- "Baromètre" électoral -
Washoe abrite moins de 16% de la population du Nevada, mais il s'agit d'un électorat essentiel pour départager la région de Las Vegas, la plus peuplée et plutôt favorable aux démocrates, et les comtés ruraux de l'Etat, acquis aux républicains.
La région "est considérée comme un comté baromètre", résume à l'AFP le politologue Fred Lokken. Elle "a le dernier mot sur la façon dont le Nevada vote aux élections nationales".
Une caractéristique déterminante, car la plupart des scrutins présidentiels des 25 dernières années ont été très serrés au Nevada. En 2020, Joe Biden y a devancé Donald Trump de seulement 33.000 voix.
- Penchant démocrate -
La région illustre comment le Nevada, ancienne terre conservatrice acquise aux républicains, a progressivement penché à gauche.
En 2008, Barack Obama devient le premier démocrate à l'emporter dans le comté de Washoe depuis l'élection de Lyndon Johnson en 1964. La région le réélit en 2012, avant de soutenir Hillary Clinton en 2016, défaite au niveau national par Donald Trump, puis Joe Biden en 2020.
Les marges y restent toutefois assez faibles pour permettre aux républicains d'entretenir espoir. Car les électeurs indépendants y constituent un bloc incontournable: ils représentent 30,8% des inscrits, contre 31,4% déclarés comme républicains et 29,8% de démocrates.
- "Burning Man" et divorces -
Le comté de Washoe borde les montagnes de la Sierra Nevada. Ses étendues désertiques abritent chaque année le festival "Burning Man", mais l'essentiel de la population se concentre dans son chef-lieu: Reno.
Auto-proclamée "plus grande petite ville du monde", Reno servait de capitale des divorces au XXe siècle, attirant des Américains de tout le pays venus profiter d'une législation permettant de défaire une union plus rapidement qu'ailleurs.
Avec ses nombreux casinos, la métropole a longtemps vécu dans l'ombre de Las Vegas.
- La révolution Tesla -
Depuis l'arrivée de Tesla en 2014, qui a construit une "giga-usine" aux abords de la ville pour fabriquer moteurs électriques et batteries, la région est en plein boom.
D'autres géants comme Panasonic ou Google y ont installé des antennes, tout comme de nombreux acteurs de la transition énergétique.
De quoi créer des métiers mieux payés que le secteur touristique, ce qui attire des salariés plus jeunes et plus éduqués, souvent venus de Californie voisine.
"Cette main d'œuvre est essentiellement composée de jeunes hommes dans la vingtaine, appartenant au monde de la tech", qui "sont plus susceptibles de ne pas voter républicain", avance M. Lokken.
A long terme, "cela pourrait faire basculer l'Etat chez les démocrates".
- Vote latino convoité -
Mais cette gentrification, renforcée par la pandémie et le télétravail, a fait exploser les prix de l'immobilier dans la région.
De quoi nourrir un sentiment de déclassement chez les plus modestes, et notamment chez les Latino-américains, qui représentent 26% de la population.
L'électorat hispanique a été particulièrement affecté par la fermeture des casinos pendant la pandémie et l'inflation historique qui a suivi.
La démocrate Kamala Harris peut toutefois compter sur l'aide du "Culinary Union", le syndicat des employés de casinos et d'hôtels, qui organise à chaque élection une vaste opération de porte-à-porte dans tout l'Etat, particulièrement mobilisatrice chez les Latino-américains.
"Depuis 20 ans, c'est l'arme politique la plus efficace des démocrates au Nevada", rappelle M. Lokken.
- Référendum sur l'avortement -
Dans le comté de Washoe, comme dans le reste du Nevada, le scrutin présidentiel s'accompagnera aussi d'un référendum citoyen pour inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution de l'Etat.
Les démocrates espèrent que cet enjeu mobilisera les jeunes et les femmes, deux électorats incontournables pour conserver la Maison Blanche.
A.Olsson--RTC