Plus de 80 morts au Liban dans de violents raids israéliens
L'armée israélienne a mené des raids violents dimanche contre des fiefs du Hezbollah au Liban dans lesquels plus de 80 personnes ont péri, deux jours après avoir tué son chef Hassan Nasrallah avec des dizaines de membres du mouvement islamiste libanais.
Sur un autre front, Israël a mené des raids meurtriers contre des cibles des rebelles houthis au Yémen, au lendemain d'un tir revendiqué par ces insurgés pro-iraniens vers l'aéroport de Tel-Aviv. "Aucun endroit n'est trop éloigné" pour Israël, a averti le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
Une guerre totale au Moyen-Orient "doit être évitée", a déclaré le président américain Joe Biden, après avoir qualifié la mort de Nasrallah de "mesure de justice".
Des raids ont ciblé la banlieue sud de Beyrouth, où Hassan Nasrallah a péri vendredi dans une puissante frappe israélienne qui a rasé des bâtiments entiers.
Son corps "a été retrouvé samedi et a été mis en linceul", a indiqué une source proche du mouvement, précisant que la date des funérailles n'avait pas encore été fixée.
Dans le sud du Liban, 53 personnes ont été tuées dans les raids israéliens, trois autres dans le sud de Beyrouth, et dans l'est du pays au moins 25, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé. En outre, ces dernières 48 heures, 14 secouristes ont trouvé la mort dans les frappes israéliennes, d'après lui.
- "Nous avons peur" -
Lors de son opération baptisée "Ordre nouveau", l'armée israélienne a dit avoir tué avec Hassan Nasrallah "plus de 20 autres terroristes de différents grades, présents dans le QG souterrain (du Hezbollah) situé sous des bâtiments civils et qui dirigeaient les opérations terroristes contre Israël".
Israël a affirmé que la "plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah avaient été tués ces derniers mois lors d'opérations de ses forces.
Le décès de Hassan Nasrallah, considéré comme l'homme le plus puissant du Liban, constitue une victoire majeure d'Israël face à l'Iran et ses alliés, porte un coup dévastateur au mouvement allié du Hamas palestinien, en guerre contre Israël à Gaza, et plonge la région dans l'inconnu.
Malgré les coups incessants portés par Israël, le mouvement a annoncé avoir tiré des roquettes contre le nord d'Israël. Environ huit projectiles sont tombés dans des terrains vagues près de Tibériade, d'après l'armée.
"Nous avons réglé nos comptes avec le responsable du meurtre d'innombrables Israéliens et de nombreux citoyens d'autres pays", s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"Nous avons peur qu'il y ait une escalade totale", a dit Matan Sofer, habitant de la localité israélienne de Rosh Pina, à une trentaine de km de la frontière libanaise.
- Dans l'attente d'un successeur -
"La ligne" de Nasrallah "se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération de Jérusalem", a affirmé l'Iran, ennemi juré d'Israël, qui finance et arme le Hezbollah.
Téhéran a aussi averti que la mort d'un général iranien tué au côté de Nasrallah "ne restera pas sans réponse".
A la tête du Hezbollah depuis 1992, Hassan Nasrallah, 64 ans, était un homme de religion qui faisait l'objet d'un véritable culte de la personnalité parmi ses partisans, principalement au sein de la communauté musulmane chiite dont il est issu.
Son cousin Hachem Safieddine, figure éminente du parti, apparaît comme un successeur potentiel.
L'attaque contre Nasrallah montre "à quel point Israël a infiltré le Hezbollah", décrypte James Dorsey, chercheur à l'Institut du Moyen-Orient de l'Université nationale de Singapour.
"Soit nous assistons à une réaction sans précédent du Hezbollah (...), soit à sa défaite totale", estime Heiko Wimmen, spécialiste de la région à International Crisis Group.
- Centaines de milliers de déplacés -
Premier haut diplomate occidental à se rendre au Liban depuis l'intensification des frappes israéliennes, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot est arrivé en soirée à Beyrouth.
Le Programme alimentaire mondial a annoncé une opération d'urgence pour fournir une aide alimentaire à un million de personnes.
Le mouvement chiite a ouvert un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023.
Après un an d'échanges de tirs transfrontaliers, l'armée israélienne a intensifié à partir du 23 septembre ses bombardements contre le Hezbollah.
Israël dit vouloir faire cesser les tirs du mouvement libanais vers le nord de son territoire et permettre ainsi le retour de dizaines de milliers d'habitants contraints à la fuite.
Dans le même temps, son armée poursuit sans répit son offensive meurtrière contre le Hamas dans la bande de Gaza assiégée et dévastée.
G.Svensson--RTC