L'armée israélienne mène des "raids terrestres localisés" dans le sud du Liban
L'armée israélienne a annoncé dans la nuit de lundi à mardi avoir commencé des "raids terrestres localisés" dans des villages du sud du Liban, affirmant cibler le mouvement islamiste Hezbollah, malgré les appels internationaux à la désescalade.
Selon les médias d'Etat syriens, des frappes ont visé la région de Damas dans la nuit. La télévision syrienne d'Etat a rapporté qu'une journaliste avait été tuée dans une frappe contre la capitale syrienne, qu'elle a attribuée à Israël.
Après le coup dévastateur infligé au Hezbollah avec l'assassinat de son chef Hassan Nasrallah vendredi dans une frappe israélienne près de Beyrouth, les dirigeants israéliens avaient averti que la bataille n'était pas encore finie contre le mouvement pro-iranien, ennemi d'Israël. L'armée israélienne menait depuis plusieurs jours des bombardements intenses et meurtriers sur le Liban.
- "Menace imminente" -
"Ces cibles sont situées dans des villages près de la frontière et constituent une menace immédiate pour les communautés israéliennes du nord d'Israël", a-t-elle assuré.
Les Etats-Unis avaient annoncé quelques heures plus tôt des opérations terrestres "limitées" d'Israël contre le Hezbollah au Liban.
A Washington, le président Joe Biden a laissé entendre qu'il était opposé à des opérations terrestres israéliennes, appelant à un cessez-le-feu.
Au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre avec Israël dans la bande de Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en soutien à son allié.
Les forces armées "opèrent selon un plan méthodique établi par l'état-major général et le commandement du Nord, pour lequel les soldats de la Défense civile se sont entraînés et préparés ces derniers mois", a expliqué l'armée israélienne.
L'armée de l'air et l'artillerie de la Défense civile appuient les forces terrestres par des frappes précises, selon la même source.
L'armée souligne poursuivre ses opérations "pour atteindre les objectifs de guerre" et faire "tout ce qui est nécessaire pour défendre les citoyens d'Israël et ramener les citoyens du nord d'Israël dans leurs foyers".
Un responsable libanais de la sécurité a déclaré, sous couvert d'anonymat, qu'Israël avait mené au moins six frappes sur le sud de Beyrouth au cours de la nuit, après que l'armée israélienne eut ordonné aux habitants du bastion du Hezbollah d'évacuer les lieux. Des journalistes de l'AFP y ont entendu des explosions.
- Le Hezbollah "prêt" -
"Israël n'a pas été en mesure d'entamer nos capacités militaires", avait-il encore affirmé, en affirmant que son parti poursuivrait sa lutte contre Israël "en soutien à Gaza".
Dans un communiqué diffusé dans la nuit, le Hezbollah a déclaré avoir "pris pour cible" des troupes israéliennes en "mouvement" dans des vergers près de la frontière, une source proche du groupe affirmant que les soldats se trouvaient "juste à la frontière".
Le Hezbollah n'a pas fait de commentaire immédiat après l'annonce par l'armée israélienne des raids terrestres, mais la télévision al-Manar du groupe a rapporté la déclaration israélienne annonçant les raids sur sa chaîne Telegram.
L'armée libanaise, dépassée par la puissance militaire du Hezbollah, est en train de "repositionner" ses troupes plus loin de la frontière, a déclaré un responsable militaire à l'AFP.
Les dirigeants mondiaux avaient appelé à la désescalade.
Le patron de l'ONU Antonio Guterres a dit son opposition à toute "invasion terrestre" israélienne du Liban. Présent à Beyrouth, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait également appelé Israël à "s'abstenir de toute incursion terrestre" ainsi qu'à un cessez-le-feu.
Toute nouvelle intervention militaire israélienne au Liban "doit être évitée", avait également lancé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Plusieurs pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, ont annoncé avoir affrété des vols pour évacuer leurs ressortissants du Liban. La France a déployé un navire militaire par "précaution", en cas de besoin d'évacuation des ressortissants français.
- Frappes en Syrie -
En raison de "l'intensité des combats", l'ONU a annoncé lundi que les Casques bleus déployés dans le sud du Liban ne pouvaient plus patrouiller.
Le bilan des frappes israéliennes de lundi au Liban est de 95 morts à travers le pays, selon le ministère libanais de la Santé.
Au même moment, dans la nuit de lundi à mardi, un média d'Etat syrien, l'agence Sana, a affirmé que la défense aérienne interceptait tôt mardi des cibles "hostiles" dans la région de Damas, employant une expression généralement utilisée pour désigner des frappes israéliennes.
La télévision d'Etat syrienne a dit dans un communiqué pleurer "la présentatrice Safaa Ahmad, qui est morte en martyre dans l'agression israélienne de la capitale Damas".
Le décès de Hassan Nasrallah, qui était considéré comme l'homme le plus puissant du Liban, constitue une victoire majeure d'Israël face à l'Iran, ennemi d'Israël, et ses alliés dont le Hamas.
Israël a promis de combattre ses "ennemis" et de les "éliminer" partout où ils se trouvent. Il n'y a "pas d'endroit au Moyen-Orient qu'Israël ne puisse atteindre", a averti le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
L'Iran a affirmé qu'il ne "déploierait" pas de combattants au Liban et à Gaza pour affronter Israël, estimant que "les gouvernements du Liban et de Palestine ont la capacité et la puissance nécessaires pour faire face à l'agression du régime sioniste".
Depuis la mi-septembre, Israël concentre ses opérations militaires sur le front nord, avec l'objectif de mettre un terme aux tirs de roquettes du Hezbollah et de permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés par ces tirs.
Sur le front de Gaza, l'armée israélienne continue son offensive dans le territoire palestinien dévasté et assiégé depuis près d'un an. Néanmoins les frappes ont baissé d'intensité ces derniers jours.
E.P.Marquez--RTC