Entretien Biden-Netanyahu, en pleine offensive israélienne contre le Hezbollah
Le président américain et le Premier ministre israélien ont commencé un entretien téléphonique mercredi pour évoquer notamment la guerre entre Israël et le Hezbollah, au moment où l'armée israélienne élargit son offensive contre le mouvement pro-iranien dans le sud du Liban.
Des tirs de roquettes ont fait deux morts mercredi dans le nord d'Israël, frontalier du Liban, selon les services de secours israéliens, tandis que le Hezbollah a fait état de combats et assuré avoir repoussé à deux reprises à l'aube des incursions israéliennes dans le sud du Liban.
Israël mène depuis le 7 octobre 2023 une offensive dévastatrice dans le territoire palestinien, lancée en riposte à l'attaque du mouvement islamiste Hamas sur le sol israélien. La guerre s'est étendue récemment au Liban et s'accompagne d'une escalade entre Israël et l'Iran, qui soutient le Hezbollah et le Hamas.
Selon le site américain Axios, Joe Biden et Benjamin Netanyahu doivent en particulier évoquer le projet d'Israël de frapper l'Iran, en riposte à une attaque de missiles iranienne lancée le 1er octobre contre son territoire.
Cette attaque avait été présentée par l'Iran, ennemi d'Israël et des Etats-Unis, comme une riposte à l'assassinat d'Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, tué le 27 septembre dans une frappe israélienne près de Beyrouth, et le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet dans une attaque imputée à Israël.
Cet entretien est le premier en deux mois entre les deux dirigeants, dont les relations sont difficiles et qui n'ont pas eu de conversation sans intermédiaire depuis l'aggravation des hostilités entre Israël et le Hezbollah.
- "Que le Hezbollah ait pitié" -
Mercredi, un homme et une femme d'une quarantaine d'années ont été tués par les tirs de roquettes à Kiryat Shmona, une ville du nord d'Israël située à deux kilomètres de la frontière libanaise, a annoncé le Magen David Adom, l'équivalent israélien de la Croix-Rouge.
Il s'agit des premières personnes tuées en Israël par des roquettes en provenance du Liban depuis qu'Israël a déplacé le front de la guerre vers ce pays à la mi-septembre.
"Environ 20 projectiles" ont été tirés sur Kiryat Shmona, selon l'armée.
Après avoir affaibli le Hamas lors de son offensive terrestre et aérienne sur la bande de Gaza, Israël cherche à éloigner le Hezbollah des zones frontalières du sud du Liban et à faire cesser ses tirs de roquettes vers le nord d'Israël, incessants depuis un an, pour permettre le retour dans cette région des quelque 60.000 habitants déplacés.
Après une campagne de frappes aériennes massives lancée le 23 septembre sur les bastions du Hezbollah à travers le Liban, Israël mène depuis le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du pays, élargie cette semaine aux zones côtières du sud-ouest du Liban.
Cette offensive se double de frappes aériennes notamment sur la banlieue sud de Beyrouth, l'un des fiefs du mouvement islamiste libanais.
Mercredi, l'armée a affirmé que ses troupes avaient détruit "100 cibles terroristes du Hezbollah" en 24 heures.
Si le Hezbollah, la seule formation à ne pas avoir déposé les armes après la guerre civile au Liban (1975-1990), jouit d'un immense soutien au sein de la communauté chiite et d'une grande influence au Liban, une partie de la classe politique lui reproche d'avoir entraîné le pays dans une guerre avec Israël.
"Je ne parle pas à Netanyahu car il est inhumain. Nous sommes au XXIe siècle. Comment peut-on commettre un génocide de cette façon?", a réagi à Beyrouth Ahmed, un homme de 77 ans, après les menaces lancées mardi par Benjamin Netanyahu.
Depuis octobre 2023 et le début des échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban, dont près de 1.200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Plus d'un million de personnes ont été déplacées.
Dans le centre d'Israël, à Hadera, six personnes ont été blessées mercredi par un assaillant qui a poignardé des passants, avant d'être "neutralisé", a indiqué la police, en laissant entendre que l'attaque était liée au conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.
- "Un enfer sans fin" -
Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a encerclé ces derniers jours la zone de Jabalia, dans le nord, et appelé à évacuer le secteur, disant que le Hamas cherchait à y reconstituer ses capacités.
D'intenses bombardements ont visé mercredi Jabalia et ses environs, selon la Défense civile.
Selon le chef de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, "au moins 400.000 personnes sont prises au piège dans ce secteur". "Le nord de Gaza: un enfer sans fin", a-t-il affirmé sur X.
"Les ordres d'évacuation récents des autorités israéliennes obligent les gens à fuir encore et encore, en particulier du camp de Jabalia", a-t-il ajouté, soulignant que "beaucoup de gens refusent de partir parce qu'ils ne savent que trop qu'il n'y a aucun lieu sûr à Gaza".
La guerre a réduit en ruines des secteurs entiers du petit territoire assiégé et déplacé la grande majorité des 2,4 millions d'habitants.
Au moins 42.010 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Du côté israélien, l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.
Y.Schmitz--RTC