Le Liban appelle l'ONU à un "cessez-le-feu immédiat" entre Israël et le Hezbollah
Le gouvernement libanais a appelé vendredi l'ONU à faire cesser le feu "immédiatement" entre Israël et le Hezbollah, au lendemain de frappes israéliennes sur Beyrouth, les plus meurtrières depuis trois semaines de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement pro-iranien.
Ces frappes, qui ont fait 22 morts et 117 blessés, selon le ministère de la Santé, sont intervenues au moment où Israël s'apprête à partir de vendredi soir à célébrer la fête de Kippour, la plus importante du calendrier juif, tout en étant en guerre sur plusieurs fronts pour la première fois depuis des décennies.
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a appelé l'ONU à adopter une résolution pour un "cessez-le-feu total et immédiat".
Invoquant "l'accord" du Hezbollah, il s'est engagé "à une application intégrale de la résolution 1701", qui prévoit que seules les forces de l'ONU et l'armée libanaise soient déployées dans le sud du Liban, d'où le mouvement islamiste a ouvert depuis un an un front contre Israël en soutien à son allié du Hamas.
Le raid de jeudi visait "le chef de l'appareil sécuritaire du Hezbollah Wafic Safa", a indiqué à l'AFP une source proche de cette formation pro-iranienne, sans plus d'informations sur son sort.
Dans la matinée, des habitants de Basta, un des deux quartiers touchés par les frappes, inspectaient les dégâts, certains en larmes.
C'est la troisième fois que l'armée israélienne vise directement la capitale, Israël concentrant ses frappes sur la banlieue sud, un bastion du Hezbollah, depuis le 23 septembre.
Selon la source proche du Hezbollah, Israël "est passé à une nouvelle étape, en ciblant les responsables politiques" du mouvement.
Les Etats-Unis soutiennent les efforts déployés par le Liban pour "s'affirmer" face au Hezbollah, qui y jouit d'une considérable influence politique, a de son côté déclaré vendredi le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken.
Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait appelé le Liban à s'en "libérer", sous peine de subir le même sort que Gaza, où son armée poursuit une guerre dévastatrice déclenchée par l'attaque du Hamas sur son sol, le 7 octobre 2023.
- Nouveaux tirs israéliens sur la Finul -
Vendredi, le Liban a dénoncé de nouveaux tirs israéliens sur une position des Casques bleus dans le sud du Liban, au lendemain d'un tollé diplomatique après que des tirs similaires ont blessé deux Indonésiens.
Les tirs israéliens contre les Casques bleus constituent "une violation du droit humanitaire international", a fustigé le chef de l'ONU, Antonio Guterres vendredi.
L'armée israélienne, qui mène depuis le 30 septembre des incursions terrestres contre le Hezbollah dans la région, a affirmé avoir tiré jeudi "à côté" du QG de la Finul après en avoir prévenu le personnel.
Depuis octobre 2023, plus de 2.100 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 1.200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. L'ONU a recensé 600.000 personnes déplacées à l'intérieur du Liban.
Malgré les coups portés à sa direction, le Hezbollah affirme continuer à résister à Israël. Vendredi, il a annoncé une attaque de drones "sur une base aérienne à Haïfa", dans le nord d'Israël.
Un ouvrier agricole thaïlandais a été tué dans la région par un missile antichar, ont annoncé les secours, l'armée faisant état de deux civils blessés.
Dans ce contexte, les Etats-Unis ont dit vendredi espérer toujours empêcher "un conflit plus large", au moment où Israël prépare, selon son ministre de la Défense, Yoav Gallant, une riposte "mortelle, précise et surprenante" à l'attaque de missiles iranienne du 1er octobre
L'Iran a réaffirmé vendredi être prêt à "défendre sa souveraineté" contre Israël, qu'il affirme avoir frappé pour venger l'assassinat à Téhéran du chef du Hamas, ainsi que ceux du chef du Hezbollah libanais et d'un général des Gardiens de la Révolution iraniens dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a lui appelé la communauté internationale à cesser de livrer des armes à Israël, pour ne "pas contribuer (...) à l'escalade de la violence" dans la région.
- Gaza "comme au Japon il y a 80 ans" -
Israël a concentré ses forces sur le front libanais, après un an de tirs incessants du Hezbollah qui ont déplacé 60.000 habitants du nord d'Israël.
Mais invoquant une tentative du Hamas de reconstituer ses capacités dans le nord de la Bande de Gaza, elle y encercle depuis dimanche Jabalia, pilonnant le secteur.
Selon la Défense civile de Gaza, au moins 140 personnes y sont mortes depuis le début de l'opération, et au moins 400.000 personnes sont prises en étau dans la zone, selon l'ONU. Washington s'est inquiétée auprès de son allié israélien qu'elles soient privées d'aide humanitaire.
La situation dans le territoire palestinien assiégé est similaire à celle du Japon, dévasté par les bombes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a déclaré vendredi le co-président de Nihon Hidankyo, l'organisation des survivants de Nagasaki et d'Hiroshima, lauréate du Nobel de la Paix.
"C'est comme au Japon il y a 80 ans", a affirmé Toshiyuki Mimaki.
La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
Au moins 42.126 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU. La quasi-totalité des 2,4 millions de Gazaouis a aussi été déplacée.
M.Webber--RTC