Inondations: Barnier dans le Rhône pour dévoiler le plan d'adaptation au changement climatique
Des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et une facture qui s'alourdit: Michel Barnier est arrivé dans le Rhône pour rencontrer des victimes des inondations, l'occasion de dévoiler le nouveau plan national d'adaptation au changement climatique, attendu de longue date.
Le Premier ministre a visité une zone commerciale de Givors, dévastée par les intempéries des 17 et 18 octobre.
"L'eau est montée en 3 heures 30, une grande partie de la ville a été inondée", a raconté le maire Mohamed Boudjella.
"400 habitations" ont été touchées, ainsi que "110 commerces", a recensé l'édile à l'AFP, soulignant que "Givors et une ville dont la population a de faibles revenus, reconstruire leur vie va être long" pour les habitants.
"On repart de zéro. Le peu de trésorerie que j'avais est parti en deux, trois jours. Il me faudra au minimum deux mois pour reconstruire", a raconté de son côté Christian Schlegel, cordonnier dans la zone commerciale.
Les intempéries de la semaine dernière ont frappé plusieurs départements du Centre-Est et du Sud-Est.
Au total, un millier de personnes avait été évacué, l'autoroute et la ligne ferroviaire entre Lyon et Saint-Étienne fermées et des communes, comme Annonay en Ardèche, particulièrement touchées.
Michel Barnier a indiqué que la liste des communes classées en état de catastrophe naturelle sera dévoilée la semaine prochaine. "On doit se préparer à ce que des éléments (climatiques) improbables se produisent", a-t-il déclaré, tout en rappelant que la France se trouve "dans une situation budgétaire extrêmement sérieuse".
Les épisodes très pluvieux se multiplient en France depuis la fin de l'année 2023, alors que de fortes pluies sont de nouveau attendues dans le Gard et le Var, placés en vigilance orange ce vendredi.
- Réchauffement de 4°C en 2100 -
Dans ce contexte, le troisième Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC-3), qui va être dévoilé par Michel Barnier accompagné de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, est très attendu.
D'autant que la présentation de ce plan, lancé en 2023 par le précédent ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, a été sans cesse repoussée, bousculée par des crises jugées plus urgentes par l'exécutif, puis par les élections européennes et la dissolution de l'Assemblée nationale en juin.
Conçu à partir de l'hypothèse d'un réchauffement de 4°C en France d'ici à la fin du siècle (contre 1,7°C à ce stade), il a pour objectif de présenter une série de mesures concrètes destinées à préparer le pays aux inondations, à l'érosion des côtes, la canicule...
Il faut "mieux s'adapter, mieux anticiper, mieux prévoir et bien sûr accompagner les collectivités locales dans leurs aménagements", a relevé mercredi Agnès Pannier-Runacher devant les sénateurs, lors des questions au gouvernement. La ministre a promis d'agir pour "mobiliser d'autres moyens en dehors de l'État".
Ce plan doit être "un électrochoc dans notre adaptation", résume de son côté Vivian Dépoues, chercheur à l'Institut de l'économie pour le climat. "Cela doit déclencher dans tous les secteurs et chez les élus un véritable +réflexe adaptation+ pour préparer une France à +4°C".
Mais experts et ONG s'inquiètent des moyens qui lui seront alloués. "Le PNACC-3 sera vain sans moyens financiers adéquats, en particulier pour les plus vulnérables", relève Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau Action Climat.
"L'adaptation ne pourra reposer sur le chacun pour soi, ni sur un Etat se défaussant sur les collectivités tout en leur coupant les vivres", ajoute-t-elle, alors que le gouvernement demande un effort de 5 milliards d'euros aux collectivités locales dans son projet de budget 2025, qui prévoit également une coupe de 1,5 milliard dans le Fonds vert, destiné à financer leurs projets de transition écologique.
La présentation du plan, vendredi, ouvre une phase de consultations de deux mois à l'issue de laquelle les mesures finales seront dévoilées.
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O.Larsson--RTC