Lituanie: le centre gauche s'impose aux législatives face aux conservateurs au pouvoir
L'opposition de centre-gauche lituanienne ressort lundi comme la claire gagnante des élections législatives face au conservateurs au pouvoir, après une campagne dominée par les préoccupations relatives à l'augmentation du coût de la vie et aux inégalités sociales.
Le parti social-démocrate est arrivé largement en tête avec un total de 52 sièges sur les 141 que compte le Parlement et espère maintenant former une coalition, selon des résultats partiels disponibles lundi matin. Il dépasse de loin les démocrate-chrétiens de la Première ministre sortante Ingrida Simonyte (28 sièges).
"Les résultats des élections ont montré que le peuple lituanien veut du changement, qu'il a besoin d'un gouvernement complètement différent", a déclaré Vilija Blinkeviciute, cheffe de file des sociaux-démocrates.
A 64 ans, cette femme qui a passé toute sa carrière dans le secteur public se trouve en position de force pour devenir Première ministre après s'être forgée une réputation de défenseure des questions sociales, apparaissant souvent comme bienveillante et maternelle dans ses appels énergiques à résoudre les difficultés financières des Lituaniens.
Elle devrait pour cela abandonner son siège au Parlement européen.
Les sociaux-démocrates, qui avaient remporté le plus grand nombre de sièges dès le premier tour du scrutin, il y a 15 jours, s'apprêtent à remplacer les conservateurs au pouvoir, un changement qui, selon les analystes, ne devrait pas modifier le soutien à l'Ukraine apporté par ce pays membre de l'Otan et de l'UE.
L'Etat balte de 2,8 millions d'habitants observe avec circonspection la Russie voisine, craignant d'être sa prochaine cible si Moscou remportait sa guerre contre l'Ukraine.
Au cours de la campagne électorale, tous les principaux partis lituaniens étaient d'accord sur la nécessité de soutenir fermement l'Ukraine et de maintenir voire augmenter le budget de la défense, qui s'élève à environ 3% du PIB, au-delà d'objectif de 2% fixé aux membres de l'Alliance atlantique.
Selon l'Institut Kiel, basé en Allemagne, la Lituanie se classe parmi les trois premiers pays au monde en termes de pourcentage du Produit intérieur brut consacré à l'aide à l'Ukraine, avec un taux de 1,64%.
- "Pas tragique" -
Le Parti social-démocrate, qui avait dirigé le gouvernement de 2012 à 2016, mise sur une coalition avec l'Union démocratique "Au nom de la Lituanie" et l'Union populaire des paysans lituaniens. Ensemble, ces formations totalisent 74 sièges, soit une majorité absolue.
Selon Tomas Valiunas, un étudiant de 18 ans qui a voté pour les sociaux-démocrates, la nomination de Mme Blinkeviciute au poste de Premier ministre "ne serait pas idéale, mais pas non plus tragique".
"J'aimerais voir de meilleures infrastructures et une réduction des inégalités sociales, qui sont parmi les plus élevées d'Europe", confie-t-il à l'AFP.
Valerija Zaltauskiene, retraitée, espère une augmentation plus rapide des pensions sous le nouveau gouvernement.
"Je touche une pension de 300 euros. Comment puis-je survivre avec une telle somme ?", demande-t-elle.
Les sociaux-démocrates se sont engagés à augmenter les retraites, à rendre la fiscalité plus progressive, à taxer les produits de luxe et à accroître le financement des services sociaux.
Interrogé sur l'arrivée au pouvoir d'une coalition de centre-gauche, le président Gitanas Nauseda a déclaré espérer qu'elle "sera efficace et ne divergera pas sur les questions fondamentales et stratégiques de la vie du pays".
- Défis -
Les sociaux-démocrates ont exclu de s'allier pour former une coalition avec un nouveau parti populiste, l'Aube sur le Niémen, dirigé par l'ancien député Remigijus Zemaitaitis, au coeur d'une controverse pendant la campagne.
Il remporte 20 sièges selon les résultats partiels et se place en troisième position.
L'an dernier, M. Zemaitaitis a renoncé à son siège au Parlement après avoir été critiqué pour des commentaires antisémites présumés.
Il est jugé pour incitation à la haine, accusation qu'il rejette, affirmant qu'il n'a fait que critiquer la politique du gouvernement israélien à Gaza.
E.Reyes--RTC