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Sur Facebook, des pages leurres pour tromper les électeurs américains, selon une étude
Sur Facebook, des pages leurres pour tromper les électeurs américains, selon une étude / Photo: Kirill KUDRYAVTSEV - AFP/Archives

Sur Facebook, des pages leurres pour tromper les électeurs américains, selon une étude

Séduire pour mieux piéger: sur Facebook, des dizaines de groupes s'affichent comme favorables à Kamala Harris mais diffusent des attaques racistes ou font la promotion de son rival Donald Trump, dans une campagne présidentielle aussi incertaine que tendue, selon des spécialistes de la désinformation.

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L'American Sunlight Project (ASP), qui associe des chercheurs luttant contre la désinformation, a analysé plus de 300 de ces groupes sur la plateforme de Meta. Ceux-ci prétendent défendre la vice-présidente démocrate mais trompent ses partisans ou capitalisent sur sa popularité pour promouvoir des produits.

"Il s'agit normalement de pages où la confiance entre les gens est élevée, ils sont davantage enclins à croire ce qu'on y partage, que ce soit de la désinformation électorale, des remèdes miracle ou des memes", dit à l'AFP Nina Jankowicz, cofondatrice du ASP.

Si le phénomène semble viser des acteurs politiques de tous les bords, y compris le candidat républicain à l'élection du 5 novembre, les pages consacrées à Kamala Harris ont "explosé" depuis qu'elle est entrée dans la course présidentielle l'été dernier, poursuit Nina Jankowicz.

La prolifération de ces pages, qui regroupent habituellement des internautes partageant les mêmes centres d'intérêt, ne semble pas être le résultat d'une campagne organisée.

Un groupe dédié "aux fans de Kamala Harris", déclare dans sa rubrique "qui sommes nous?" que la vice-présidente est une "pionnière, un symbole de diversité, une militante de la justice et de l'égalité".

Mais les messages postés semblent vouloir lui nuire, comme par exemple une photographie d'une femme se barbouillant le visage de peinture noire, avec la mention: "Kamala se prépare à parler aux Afro-Américains". Un écho aux propos de Donald Trump qui avait affirmé que Mme Harris, la première vice-présidente noire et d'ascendance asiatique des Etats-Unis, était "devenue noire" pour mieux séduire l'électorat afro-américain.

- Meme sexiste-

Sur une autre page intitulée "Voix démocrates pour la présidente Kamala Harris 2024", on trouve des posts de soutien au slogan trumpiste "Make America Great Again".

On y trouve aussi une vidéo montrant Charlie Kirk, un influenceur conservateur soutenant Donald Trump, usant d'une rhétorique anti-migrants à l'instar de son champion.

Un groupe appelé "Kamala Harris 2024", a lui publié un meme sexiste, où une petite fille se plaint d'avoir faim auprès de sa mère qui lui répond qu'elle le sait bien mais qu'elle voulait une femme à la Maison Blanche.

Nombre des pages analysées par ASP sont gérées par des personnes sans liens les unes avec les autres, dont des modérateurs non américains en Afrique ou en Europe de l'Est.

Certaines contiennent des messages sans rapport avec Mme Harris, dont des contenus religieux sectaires, des spams et de la publicité. Beaucoup ont changé de nom de multiples fois pour capitaliser sur les tendances du moment, selon ASP.

- "Tromperies complexes" -

"La protection de l'élection sur nos plateformes fait partie de nos priorités numéro un", a déclaré dans un communiqué à l'AFP un porte-parole de Meta, maison mère de Facebook. "Nous continuerons d'appliquer nos règles en cas de contenus et de comportements qui les violeraient".

Les groupes mis en cause par ASP semblent contrevenir à la politique de Meta en matière de comportement inauthentique ou "de tromperie complexe", qui interdit notamment aux utilisateurs de se servir des plateformes pour tromper les internautes sur l'objectif d'un contenu.

ASP explique avoir analysé un échantillon représentatif mais ne pas avoir pu prendre la pleine mesure du phénomène à cause de la fermeture par Meta en août de CrowdTangle, un outil jugé essentiel par les chercheurs pour suivre en temps réel les campagnes de désinformation et de manipulation.

Meta l'a remplacé par une nouvelle bibliothèque de contenus aux fonctions similaires mais qui est toujours en cours de développement.

"Au fur et à mesure qu'on se rapproche du jour de l'élection et de la transition tumultueuse qui devrait suivre, il est important que les gens prennent une pause et soient plus réfléchis quand ils consomment des contenus", insiste Nina Jankowicz.

C.P.Wilson--RTC