Premier conseil des ministres pour le gouvernement Borne, sur fond d'accusations de viol contre Damien Abad
Le nouveau gouvernement Borne, déjà terni par les accusations de viol visant Damien Abad, doit fouler lundi peu avant 10 heures le gravier de l'Elysée pour un conseil des ministres qui lance véritablement le second quinquennat d'Emmanuel Macron.
Macron II, acte 1er, scène 2. Près d'un mois après la réélection du chef de l'Etat et trois jours après la fin de la longue maturation qui a présidé au casting de Matignon comme des ministres, le nouveau gouvernement se réunit avec au menu les grandes priorités tracées par le président, école, santé, transition écologique mais aussi la lutte contre l'inflation.
"Le premier texte examiné par la nouvelle Assemblée nationale sera donc sur le pouvoir d'achat", a d'ailleurs confirmé Mme Borne dans un entretien au Journal du Dimanche.
La Première ministre a égrené différentes mesures prévues par ce futur texte, concrètement une loi rectificative du budget 2022 : prolongation du bouclier tarifaire, chèque alimentation, relèvement du point d'indice des fonctionnaires, suppression de la redevance audiovisuelle, etc.
Ce conseil des ministres sera l'occasion d'un premier tour de piste pour les nouveaux entrants d'un gouvernement Borne qui compte cependant en son sein une majorité de membres de l'équipe sortante (14 sur un total de 27 membres).
Parmi les nouveaux visages, celui du ministre de l'Education nationale, l'universitaire Pap Ndiaye, sera au centre des attentions. Seule véritable surprise du nouvel exécutif, sa nomination a suscité un tombereau de réactions furieuses à l'extrême droite qui l'accuse de "vouloir déconstruire le pays".
Mais un invité surprise a aussi fait irruption à l'agenda politique de l'exécutif: Damien Abad, ex-président du groupe LR à l'Assemblée nationale et principale prise de guerre de la macronie depuis la victoire du président sortant le 24 avril.
Nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, M. Abad, lui-même handicapé, fait face à de graves accusations de viols sur deux femmes en 2010 et en 2011 dans un article publié samedi par Médiapart, ce qu'il nie "avec la plus grande force".
Deux plaintes ont déjà été classées mais la justice dit analyser un nouveau signalement de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique.
- Borne "pas au courant" -
Après les critiques visant l'investiture du LREM Jérôme Peyrat, condamné en 2020 pour des violences envers une ex-compagne, et qui s'est finalement résolu à retirer sa candidature, l'exécutif et la majorité doivent affronter une nouvelle tempête sur le dossier des violences faites aux femmes.
Le secrétaire national du PS Olivier Faure a invité lundi la Première ministre à se séparer de Damien Abad car "la parole des femmes doit être respectée".
"Elisabeth Borne devrait lui dire qu'il n'a pas sa place", a tancé l'écologiste Sandrine Rousseau, candidate de la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes) aux législatives.
"Il y a des gens qui accusent, ça ne veut pas dire qu’ils ou elles ont raison", a au contraire fait valoir l'ex-candidat d'extrême droite à la présidentielle, Eric Zemmour.
L'affaire fait écho au cas de Taha Bouhafs qui a retiré sa candidature pour LFI aux législatives avant que ne soit révélée l'existence d'une enquête interne après des accusations de violences sexuelles.
Plusieurs figures de la Nupes font valoir qu'elle a rapidement débranché ce candidat après avoir eu connaissance des accusations quand LR, LREM et l'exécutif ont ignoré les signalements de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique fondée par des féministes dont certaines militent par ailleurs à la Nupes.
"Pas au courant" de ces affaires avant leur révélation par Médiapart, Elisabeth Borne a promis de tirer "toutes les conséquences" en cas de "nouveaux éléments" et de saisine de la justice, à l'occasion d'un déplacement dans le Calvados où elle brigue un premier mandat de député.
A trois semaines du premier tour des législatives, l'Elysée a d'ailleurs mis la pression sur les quatorze ministres-candidats. Conformément à une règle non écrite datant de 2007, et déjà édictée en 2017 par Emmanuel Macron, ils devront démissionner en cas de défaite à ce prochain scrutin.
Une règle qui vaut aussi pour Mme Borne.
A.Taylor--RTC