Mayotte en alerte violette et barricadé à l'approche du cyclone Chido
"On a très peur": les habitants de Mayotte se préparent au passage de Chido, un cyclone tropical intense qui s'apprête à balayer tôt samedi matin l'archipel de l'océan Indien, placé en alerte violette.
"L'heure est grave. Mayotte n'a jamais connu une telle situation", a déclaré dans la journée de vendredi le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni.
En fin de nuit, heure locale, la préfecture de Mayotte a annoncé l'entrée en vigueur sur l'archipel de l'alerte violette cyclonique, le plus haut niveau, à partir de 07H00 locales (05H00 à Paris), en raison de l'arrivée imminente de Chido.
Le niveau violet implique "un confinement strict de l'ensemble de la population, y compris des services de secours et de sécurité et tous les agents mobilisés à la gestion de la crise", précise un communiqué publié sur X de la préfecture de ce département d'outre-mer.
"L'œil du cyclone va passer sur le nord de Mayotte entre 09H00 et 13H00, provoquant une fausse accalmie", a averti la préfecture.
Vers 06H00 locales, le cyclone se trouvait à environ 100 km au nord-est de Mayotte selon le dernier bulletin de Météo-France. "Une dégradation des conditions météorologiques est attendue" en fin de nuit, avec des "vents destructeurs voire dévastateurs".
Dans son bulletin, Météo-France souligne que Chido "subit une légère baisse d'intensité ces dernières heures" mais qu'il devrait se maintenir à une "intensité significative" au cours des "prochaines 36 heures".
"J'ai fait le plein de bouteilles d'eau, de nourriture, de bougies...", témoigne auprès de l'AFP Fatima, habitante de Majicavo-Koropa et mère de trois enfants, qui craint les "vents violents" et les "orages".
"On a très peur", confie cette femme de 57 ans, encore marquée par le passage d'un cyclone quand elle était enfant aux Comores voisines, se souvenant des "vagues (qui) ravageaient tout" et des "poteaux électriques par terre".
Samedi, Météo-France prévoit à Mayotte "des pluies très intenses et des submersions marines possibles", des conditions météorologiques qui entraînent "un risque de ruissellement et d'inondation, et une houle marine qui peut avoir des effets importants sur le littoral", a précisé le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville.
"C'est un événement inédit, d'une extrême violence, les vents pourront dépasser 180 km/h", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse.
La circulation a été interdite sur la voie publique des deux îles, Grande-Terre et Petite-Terre, et l'aéroport de Dzaoudzi a fermé depuis 20H00 (18H00 à Paris).
L'Agence régionale de santé (ARS) demande aux patients de "ne pas se déplacer mais d'appeler le 15", et ajoute que "les moyens médicaux ont été renforcés pour prendre en charge les personnes blessées ou malades".
Les prévisionnistes de Météo-France anticipent une amélioration des conditions météo "à partir de samedi en fin de journée".
- Nombreuses habitations précaires -
A ceux qui vivent dans des habitations précaires, très nombreuses dans le département le plus pauvre de France, le préfet avait plus tôt conseillé de rejoindre l'un des 71 centres d'hébergement "ouverts à tous" dans des établissements scolaires et des gymnases.
Sont concernées en priorité les quelque 100.000 personnes logeant dans des "habitations non solides" qui ont été identifiées par les autorités, sur une population totale estimée à 320.000 habitants dans l'archipel.
Outre la diffusion d'une alerte SMS par les autorités, "les policiers municipaux sont allés dans chaque village", a indiqué le préfet, notamment dans les quartiers difficiles d'accès.
"La priorité c'est de mettre les gens en sécurité", assure le maire de Chiconi, Madi Ousseni Mohamadi, qui prépare le collège de sa commune - fermé vendredi et samedi comme tous les établissements scolaires de l'archipel - à accueillir la population.
Le maire de cette commune qui borde le littoral a aussi déployé des agents pour "dégager les abords des routes des éléments qui pourraient s'envoler et faire des dégâts", comme des carcasses de voitures.
Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a participé à un point de situation au centre opérationnel de gestion interministérielle des crises à Paris, confirmant l'envoi à Mayotte de 110 professionnels de la sécurité civile depuis l'île de La Réunion.
L'archipel de Mayotte, relativement épargné par les cyclones, avait été touché par le cyclone Belna en 2019, sans dégât majeur.
Aux Comores voisines, une alerte cyclonique de niveau orange a été activée. La direction générale de la sécurité civile a ordonné la fermeture des aéroports à partir de vendredi 18H00 locales (15H00 GMT) "en raison des conditions météorologiques extrêmes".
A Madagascar, l'œil du cyclone s'est approché à une centaine de kilomètres du nord de l'île et a causé une pluie "abondante l'après-midi" ainsi qu'un "vent fort" avant de s'en éloigner, selon les autorités.
"Plusieurs quartiers sont inondés" mais "le plus dur semble être derrière nous", a déclaré à l'AFP Cerveau Rakotoson, un habitant d'Antsiranana, principale ville du nord de l'île.
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Ch.Jacobs--RTC