Sous le feu des critiques, Bayrou promet de ne laisser aucun défi "sans réponse"
Critiqué de toutes parts pour avoir choisi d'aller à Pau en pleine crise à Mayotte, François Bayrou a promis mardi aux députés de ne laisser aucun défi "sans réponse", mais sans s'avancer sur ses solutions en attendant de former un gouvernement "dans les jours qui viennent".
Le nouveau Premier ministre, qui enchaîne les consultations avec les forces politiques pour constituer son équipe, a fait un point d'étape à la mi-journée avec Emmanuel Macron pendant plus d'une heure de tête-à-tête à l'Elysée. Il doit à nouveau s'entretenir avec lui dans la soirée, selon son entourage.
Son intention est de présenter une équipe resserrée d'environ 25 ministres avec des personnalités de gauche, du centre et de droite, selon des sources parlementaires, avant de prononcer le 14 janvier sa déclaration de politique générale devant le Parlement.
En attendant, il a répondu pour la première fois aux questions de l'Assemblée nationale. Et il a été interpellé sur son choix d'aller, la veille, présider le conseil municipal de sa ville de Pau, dont il entend demeurer maire, et de n'assister ainsi qu'en visioconférence à une réunion de crise sur Mayotte, dévastée par le passage du cyclone Chido.
"Vous n'auriez pas dû vous rendre à Pau pour conserver un mandat, mais à la réunion de crise de l'Élysée pour assumer votre nouveau rôle", a lancé la cheffe des députés La France insoumise, Mathilde Panot, quand son homologue socialiste, Boris Vallaud, lui a reproché d'en avoir en outre profité pour faire la promotion du "cumul des mandats".
Dans la matinée, la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, avait même dit qu'elle aurait "préféré que le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne l'avion pour Mamoudzou", chef-lieu de Mayotte.
François Bayrou s'est justifié en invoquant la nécessité de ne pas "séparer la province et le cercle des pouvoirs à Paris", un de ses chevaux de bataille. "Pau, c'est en France (...) J'étais aussi à ma place de citoyen", a-t-il plaidé.
Au-delà, le nouveau locataire de Matignon a été assailli de questions sur la manière dont il entend gravir cet "Himalaya" de défis qu'il a évoqué lors de sa prise de fonctions vendredi.
Pour le Rassemblement national, Laure Lavalette lui a dressé une liste de priorités, demandant notamment le vote d'une "loi d'urgence agricole" avant la fin de l'année.
Le socialiste Boris Vallaud lui a adressé un "avertissement républicain solennel", en réclamant des réponses sur le budget, les retraites, le pouvoir d'achat ou encore les services publics. "Serez vous ouvert aux compromis, disposé à autre chose qu'à la défense, quoi qu'il en coûte, du bilan d'Emmanuel Macron?", a-t-il demandé.
François Bayrou, clamant son "respect" pour tous les députés quel que soit leur camp politique, s'est refusé à détailler ses solutions.
"Je ne dissimulerai rien, je ne laisserai rien sans traitement et sans réponse", s'est-il borné à répondre. "Tous les problèmes que vous avez indiqués qui tiennent à la dépense publique, qui tiennent aux fractures de la société française, j'essaierai de les résoudre (...) en tenant compte de chacun des groupes", a-t-il promis.
De même, il s'est engagé à ne pas laisser "la situation budgétaire sans réponse", alors que l'adoption d'une loi de finances pour 2025 est en jachère depuis la censure de son prédécesseur Michel Barnier.
"Je n'ai jamais cru que c'était dans la fiscalité que se trouvait la réponse à tous les problèmes du pays", a-t-il seulement précisé, évoquant aussi les nécessaires "économies", mais sans chiffrer ses intentions.
En parallèle, les consultations des forces politiques, entamées lundi, se sont poursuivies à Matignon.
Le président des députés Horizons, Laurent Marcangeli, a plaidé pour la "stabilité" auprès du Premier ministre.
Les leaders des Ecologistes ont été beaucoup plus pessimistes, estimant que M. Bayrou était déjà en train de "paver peu à peu le chemin de sa propre censure".
Quant à Laurent Wauquiez, le chef des députés Les Républicains, reçu lundi, il a demandé mardi une nouvelle rencontre avec le chef du gouvernement, dont le projet est encore "trop flou" à ses yeux.
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G.Abbenevoli--RTC