Israël intercepte un missile provenant du Yémen au lendemain d'une frappe sur Sanaa
L'armée israélienne a déclaré avoir intercepté un missile lancé depuis le Yémen tôt samedi, un jour après que la capitale yéménite Sanaa, tenue par les rebelles houthis, a été touchée par une nouvelle frappe aérienne.
Cette frappe est survenue au lendemain de raids israéliens meurtriers sur des sites aux mains de ces rebelles, notamment l'aéroport de Sanaa, où se trouvait le chef de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et un coordinateur de l'ONU pour l'aide humanitaire au Yémen.
Il n'était pas clair dans l'immédiat qui a mené la frappe vendredi sur la capitale yéménite, également rapportée par des témoins, les Houthis évoquant une "agression américaine et britannique".
Les rebelles ont dit peu avant avoir tiré un missile en direction de l'aéroport de Tel-Aviv (centre d'Israël), lancé des drones vers la ville de Tel-Aviv et attaqué un navire en mer d'Arabie.
Tôt samedi, l'armée israélienne a affirmé qu'un missile lancé depuis le Yémen avait été intercepté "avant de pénétrer dans le territoire israélien". Des sirènes d'alerte avaient été déclenchées dans le centre d'Israël, conformément au protocole.
Les attaques des Houthis surviennent après des frappes israéliennes jeudi sur des sites contrôlés par les rebelles, dont l'aéroport de Sanaa, des bases, des centrales électriques et des installations portuaires ailleurs au Yémen, selon les insurgés qui ont dénoncé "un crime".
Six personnes ont péri au Yémen d'après les Houthis. Quatre d'entre elles à l'aéroport de Sanaa et une vingtaine de voyageurs et membres du personnel y ont été blessés, selon le vice-ministre des Transports dans l'administration rebelle, Yahya al-Sayani.
Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, était à l'aéroport de Sanaa au moment du bombardement et a fait savoir sur X qu'il était "sain et sauf". Il a indiqué vendredi, sur la même plateforme, être arrivé dans la capitale jordanienne Amman, ajoutant qu'un membre du personnel du Service aérien humanitaire des Nations unies (UNHAS), blessé dans la frappe sur l'aéroport, avait été évacué vers la Jordanie pour recevoir des soins.
Le coordinateur des Nations unies pour l'aide humanitaire au Yémen, Julien Harneis, lui aussi présent à l'aéroport de Sanaa pendant le raid, a dénoncé vendredi des frappes contre un site "civil", "absolument vital" pour l'acheminement humanitaire dans ce pays en guerre civile depuis 2014.
"Le plus terrifiant (...) c'est que ces frappes ont eu lieu (...) alors qu'un avion de ligne de la Yemenia Airways, transportant des centaines de Yéménites, s'apprêtait à atterrir", a-t-il raconté à la presse, en vidéo depuis le Yémen.
- Aéroport endommagé -
M. Sayani a lui précisé que les vols avaient repris vendredi à 10H00 locales (07H00 GMT) à l'aéroport de Sanaa.
La tour de contrôle a été "directement touchée", ainsi que la salle des départs et des équipements de navigation, a-t-il dit.
Des images de l'AFP montrent le haut de la tour de contrôle détruit, les vitres d'un bâtiment brisées et des morceaux de verre jonchant le sol.
Depuis 2022, seule la compagnie nationale Yemenia assure une liaison commerciale limitée à partir de l'aéroport de Sanaa, avec Amman comme principale destination. Entre 2016 et 2022, il n'accueillait que des vols humanitaires opérés par l'ONU.
L'armée israélienne a affirmé avoir ciblé jeudi "des infrastructures militaires utilisées par les Houthis à l'aéroport de Sanaa", ainsi que des centrales électriques et des sites militaires notamment à Hodeida (ouest), là encore en riposte à des attaques des rebelles.
Les Houthis, soutenus par l'Iran, contrôlent Sanaa ainsi que de vastes pans du Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique.
"L'agression israélienne ne fera qu'accroître la détermination du peuple yéménite à continuer de soutenir le peuple palestinien", ont affirmé dans un communiqué les insurgés, qui ont depuis le début de la guerre à Gaza lancé de nombreuses attaques contre Israël, en "solidarité" avec les Palestiniens.
- "Détruire les infrastructures" -
Vendredi, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés dans le centre de Sanaa pour protester contre les frappes israéliennes de la veille et réaffirmer leur soutien aux Palestiniens.
"L'équation a changé et est devenue désormais: aéroport contre aéroport, port contre port, et infrastructure contre infrastructure", a déclaré à l'AFP un manifestant, Mohammed al-Gobisi. "Nous ne nous lasserons pas de soutenir nos frères palestiniens".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de nouveau averti jeudi que son pays continuerait à frapper les Houthis.
"Nous sommes déterminés à couper cette branche terroriste de l'axe du mal iranien", a-t-il dit après avoir demandé à l'armée de "détruire les infrastructures" de ces rebelles.
"Nous allons traquer tous les dirigeants houthis (...)", a menacé son ministre de la Défense Israël Katz.
La plupart des attaques houthies contre Israël ont été contrées ou n'ont provoqué que des dégâts matériels. Mais samedi dernier, un missile a fait 16 blessés à Tel-Aviv et, en juillet, un civil israélien a été tué à Tel-Aviv par l'explosion d'un drone.
Israël a riposté par des frappes aériennes au Yémen, où les Houthis ont pris le contrôle de Sanaa en 2014 après une offensive fulgurante, déclenchant la guerre civile.
Les rebelles s'en prennent aussi aux navires liés selon eux à Israël, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, malgré les frappes également menées par l'armée américaine.
H.Bastin--RTC