Venezuela: "Le monde entier sait qui est le président élu", lance la cheffe de l'opposition
"Le monde entier sait" qu'Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté la présidentielle du 28 juillet au Venezuela, assure la cheffe de l'opposition, Maria Corina Machado, quatre jours avant l'investiture du sortant Nicolas Maduro qui, selon elle, "n'a plus que la peur" pour se maintenir au pouvoir.
"Nous savons tous qui est le président élu. Les Vénézuéliens le savent, les forces armées le savent, Maduro le sait, le monde entier le sait", a affirmé lundi lors d'une interview par appel vidéo à l'AFP Mme Machado, 57 ans, qui vit dans la clandestinité.
"Si nous étions dans une démocratie (...) Edmundo Gonzalez Urrutia prêterait serment le 10 janvier à 10 heures à l'Assemblée nationale", date de l'investiture officielle prévue à Caracas de Nicolas Maduro.
"Edmundo Gonzalez Urrutia prêtera serment le jour où il pourra au Venezuela (...) Personne ne peut dire avec certitude si ce serait avant, pendant ou après le 10 janvier", a poursuivi Mme Machado assurant qu'il "n'y a pas de retour en arrière possible".
"Quand un pays décide de changer et d'être libre, personne ne peut l'arrêter", assure Maria Corina Machado.
Le président socialiste Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE), considéré aux ordres du pouvoir. Le CNE n'a pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, disant avoir été victime d'un piratage informatique, jugé peu crédible par de nombreux observateurs.
L'opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, assure que son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 67% des voix.
Pour l'opposante qui a appelé les Vénézuéliens à manifester jeudi, "le régime n'a plus que la peur. Ils n'ont plus rien, ils ont perdu tout soutien populaire, toute légitimité et ils sont absolument isolés sur le plan international".
"Le régime se sait déjà vaincu (...) S'il y avait une certaine rationalité, un minimum de rationalité, le régime de Maduro aurait entamé un processus d'acceptation de cette réalité (...). Chaque jour qui passe, ses chances de négociation se détériorent", estime Mme Machado.
L'opposition n'a plus appelé à de grandes protestations depuis des semaines après une ferme répression et des mobilisations de plus en plus faibles. La répression postélectorale a fait 28 morts et plus de 2.000 blessés, avec 2.400 arrestations.
- prête à sortir de la clandestinité -
L'opposante estime qu'il faut "vaincre la peur": "les Vénézuéliens, nous savons que si nous sortons tous, des millions d'entre nous, comment quelques centaines ou quelques milliers de personnes armées peuvent-elles (battre) 30 millions de Vénézuéliens", dit-elle, assurant qu'elle sortira de la clandestinité et risquera l'arrestation.
"Je ne manquerai pour rien au monde cette journée historique. Si quelque chose m'arrive, la consigne est très claire (...), personne ne négociera la liberté du Venezuela contre ma liberté", lance-t-elle.
Le pouvoir dispose toutefois toujours du soutien de l'armée malgré des appels répétés de l'opposition à se rallier à sa cause. Dimanche, M. Gonzalez Urrutia a demandé à l'armée de le reconnaitre comme commandant en chef mais il a reçu une réponse cinglante du ministre de la Défense Vladimir Padrino: "Nous rejetons catégoriquement et avec une véhémence absolue cet acte clownesque et bouffon".
"Ces derniers mois, nous avons vu de plus en plus de citoyens militaires résister à la répression d'un peuple désarmé", a réagi Mme Machado "Ce qu'ils (soldats) doivent faire: baisser les armes".
Mme Machado assure en outre que de "très nombreux" membres du pouvoir ont pris contact avec l'opposition pour négocier et estime que "toutes ces menaces, ce déploiement d'armes et ce langage grossier et agressif s'adressent" aussi "à ceux dont ils savent qu'ils sont prêts à quitter le régime".
T.A.Smith--RTC