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La banque centrale de Corée du Sud sabre ses prévisions de croissance à cause de la crise politique
La banque centrale de Corée du Sud sabre ses prévisions de croissance à cause de la crise politique / Photo: Jung Yeon-je - AFP

La banque centrale de Corée du Sud sabre ses prévisions de croissance à cause de la crise politique

La banque centrale de Corée du Sud a abaissé lundi ses prévisions de croissance économique pour 2025 en raison de la crise politique qui secoue le pays, et qui a dégénéré la veille en violences.

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Cette nouvelle estimation est publiée alors que le gouvernement sud-coréen a annoncé par ailleurs un plan de financement "sans précédent" de 360.000 milliards de wons (240 milliards d'euros) pour ses entreprises exportatrices, évoquant les "incertitudes" liées au retour au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis.

La quatrième économie d'Asie, en ébullition depuis la tentative ratée du président Yoon Suk Yeol d'imposer la loi martiale, ne croîtra que de 1,6 à 1,7% cette année, au lieu de 1,9% initialement prévu, a estimé la Banque de Corée.

"La déclaration inattendue de la loi martiale au début du mois de décembre, associée à l'instabilité politique persistante et à la catastrophe de l'avion de passagers de Jeju Air, a considérablement affecté le sentiment économique", a jugé la banque centrale dans ses perspectives de janvier.

M. Yoon a sidéré la Corée du Sud le 3 décembre en imposant soudainement la loi martiale et en envoyant l'armée au Parlement pour tenter de le museler. Il a fait marche-arrière quelques heures plus tard, sous la pression des députés et de manifestants.

Destitué par le Parlement le 14 décembre et suspendu depuis, M. Yoon fait l'objet d'une enquête pour "rébellion" et, après s'être retranché dans sa résidence de Séoul pendant des semaines sous la protection de sa garde rapprochée, a finalement été arrêté le 15 janvier.

- Tribunal saccagé -

Dimanche, plusieurs centaines de ses partisans les plus fervents ont attaqué et saccagé le tribunal de Séoul qui venait de prolonger sa détention.

Près d'une centaine de personnes ont été arrêtées pour ces violences, les premières depuis le début de la crise, qui ont fait 51 blessés parmi les forces de l'ordre, selon la police.

Les dégâts causés au palais de justice sont estimés entre 600 et 700 millions de wons (400.000 à 470.000 euros), selon l'agence de presse Yonhap.

La Cour constitutionnelle doit décider d'ici mi-juin si elle confirme la destitution de M. Yoon ou si elle le rétablit dans ses fonctions. Dans le premier cas, une élection présidentielle anticipée devra avoir lieu dans les 60 jours.

A ce chaos politique s'est ajouté, le 29 décembre, le crash d'un Boeing 737-800 de la compagnie low-cost sud-coréenne Jeju Air à l'aéroport de Muan (sud-ouest), tuant 179 personnes, la pire catastrophe aérienne jamais survenue sur le sol sud-coréen.

Cet accident et la crise politique ont "entraîné des contractions de la consommation intérieure et de l'investissement dans la construction, ce qui a probablement fait chuter le taux de croissance du quatrième trimestre bien en dessous de la projection de novembre", a poursuivi la Banque de Corée.

Elle a par conséquent estimé que la croissance au quatrième trimestre 2024 s'est établie "bien en dessous de la projection initiale de 0,5%, atteignant possiblement 0,2% ou légèrement moins".

L'institut d'émission a également révisé à la baisse son estimation de croissance pour 2024, qui passe de +2,2% à "une fourchette de 2,0–2,1%".

Pour Jin Choi, économiste chez HSBC: "il est rare que la banque publie ses prévisions de croissance intermédiaires... cela reflète les efforts continus de la BOK pour soutenir le fonctionnement normal du gouvernement".

Lors d'une réunion avec des groupes de réflexion d'État, le nouveau chef de l'Etat par intérim Choi Sang-mok a déclaré qu'avec la nouvelle administration américaine, la Corée du Sud se trouve à un "tournant critique" où "l'incertitude basée sur les promesses de campagne" se transforme en "risques politiques pratiques".

Les soubresauts politiques affectent aussi le won, tombé fin décembre à son plus bas niveau depuis 2009 face au dollar et qui s'est à peine ressaisi depuis, renchérissant le coût des importations pour un pays dépourvu de ressources naturelles.

C.Moreno--RTC