Nucléaire: lancement du débat public sur le projet d'EPR2 dans l'Ain
Le débat public sur le projet de réacteurs EPR2 près de la centrale nucléaire du Bugey (Ain), les seuls réacteurs de nouvelle génération envisagés en bord de fleuve, se tiendra du 28 janvier au 15 mai, a annoncé jeudi la Commission nationale du débat public (CNDP).
Huit réunions publiques, des échanges sur les marchés, des permanences près du site, mais aussi un recueil de commentaires en ligne permettront de recevoir les avis sur cet énorme chantier d'un coût estimé à 15,3 milliards d'euros, ont précisé lors d'un point-presse les organisateurs du débat.
Emmanuel Macron a annoncé en 2022 un vaste programme de relance de l'atome en France prévoyant la construction d'au moins six réacteurs EPR2: deux à Penly (Seine-Maritime), deux à Gravelines (Nord), et deux au Bugey, au bord du Rhône.
Sur ce dernier site, où existe déjà quatre réacteurs nucléaires d'une puissance de 900 MW chacun, les maîtres d'ouvrage, EDF et RTE, prévoient de construire d'ici 2040 deux réacteurs à eau pressurisée d'une puissance de 1.670 MW chacun.
La consultation publique sur ce projet, qui intervient après celles de Penly et Gravelines, devrait à nouveau porter sur leur impact économique ou "la place du nucléaire dans le mix énergétique", a anticipé David Chevallier qui présidera ce débat.
Mais il s'agit du "premier projet d'EPR en bord de fleuve et non en bord de mer", ce qui suscite des questionnements particuliers, et une réunion, le 8 avril, portera spécifiquement sur leur impact sur le Rhône, a-t-il souligné.
Fleuve le plus puissant d'Europe, son étiage moyen a déjà baissé ces dernières années sous l'effet du réchauffement climatique selon l'Agence de l'eau, et certains craignent que les nouveaux EPR n'aggravent la situation.
Selon EDF et RTE, les futurs réacteurs entraîneront une hausse de la température de moins de un degré entre l'aval et l'amont, et une consommation de 0,5% du débit du Rhône, avec des pointes inférieures à 2% en période de canicule.
Après un chantier émaillé de déboires et d'aléas techniques, l'EPR de Flamanville a produit ses premiers électrons en septembre avec 12 ans de retard sur le calendrier.
Sa facture a explosé entre les 3,3 milliards du devis initial et un coût final de 22,6 milliards d'euros de 2023, selon la Cour des comptes, qui a appelé mardi l'Etat à lever les nombreuses "incertitudes" avant de poursuivre le programme de nouveaux réacteurs.
P.Johnson--RTC