L'Arabie saoudite doit "boxer dans (sa) catégorie" sur la scène mondiale, affirme son ministre des Finances
L'Arabie saoudite doit "boxer dans (sa) catégorie" sur la scène internationale, vu sa place croissante dans les institutions et à l'heure du retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, estime son ministre des Finances dans un entretien avec l'AFP à Davos.
"Nous sommes un acteur clé de l'économie mondiale. Et nous devons boxer dans notre catégorie", dit Mohammed al-Jadaan, interrogé en marge de la réunion annuelle du Forum économique mondial en Suisse.
Pays le plus riche du monde arabe, l'Arabie saoudite pèse de façon croissante dans les institutions internationales, notamment depuis sa présidence du G20 des plus grandes économies mondiales en 2020.
Le pays du Golfe, par l'intermédiaire de Mohammed al-Jadaan, préside aussi depuis 2024 le comité IMFC, chargé de conseiller le Fonds monétaire international (FMI) sur les questions monétaires et financières.
Ryad est également un acteur géopolitique essentiel dans un Moyen-Orient fragile et un "Sud global" qui veut davantage avoir sa voix au chapitre.
"Nous devons veiller à ce que les économies émergentes et les pays à faibles revenus fassent entendre leur voix. C'est pourquoi nous protégeons de toutes les manières possibles leurs intérêts dans ces institutions multilatérales", a souligné le ministre, soulignant que le "Sud global" devient "plus gros que les économies avancées" concernant la taille de l'économie et la population.
- Brics -
Invité à rejoindre l'organisation des Brics, rassemblant les économies émergentes les plus puissantes dont la Chine, l'Inde ou la Russie, Mohammed al-Jadaan affirme que le royaume n'a "pas encore pris de décision", tout en disant "évaluer (...) notre intérêt à rejoindre les Brics".
Selon une note du centre de réflexion Carnegie Endowment for International Peace, "l'Arabie saoudite ne peut pas risquer de s'aliéner la Chine ou la Russie".
"Mais elle ne peut pas non plus se permettre de faire porter un fardeau à ses relations avec l'Occident en approuvant de quelque manière que ce soit les tentatives de la Chine et de la Russie de construire un bloc anti-occidental", ajoute le centre de réflexion.
Cela explique en partie les hésitations saoudiennes, surtout vis-à-vis des Etats-Unis dont le nouveau président Donald Trump a été un proche du prince héritier du royaume Mohammed ben Salmane pendant son premier mandat.
"Nous entretenons des relations économiques stratégiques très importantes avec les États-Unis, quel que soit le résident de la Maison Blanche", a tempéré Mohammed al-Jadaan au lendemain de l'annonce par Ryad d'un élargissement de "ses investissements et échanges commerciaux avec les Etats-Unis à hauteur de 600 milliards de dollars sur quatre ans, voire davantage".
Le ministre a été interrogé par l'AFP avant le discours jeudi soir de Donald Trump, qui a invité Ryad et l'Opep à "baisser le coût du pétrole".
L'Arabie saoudite s'est lancée dans un vaste plan de modernisation, baptisé Vision 2030, piloté par le prince héritier, prévoyant d'attirer des investissements étrangers et de dynamiser son tourisme.
Le royaume investit aussi massivement dans son "soft power", à l'instar du tennis, du golf, la course automobile, ainsi que le football avec le rachat du club britannique de Newcastle, à la faveur de son richissime fonds souverain PIF.
Le pays va également accueillir la coupe du monde de football 2034, au grand dam de certaines ONG qui critiquent les nombreux décès de travailleurs migrants sur les chantiers du projet Vision 2030.
"Ce n'est absolument pas vrai", a réagi le ministre, interrogé sur ces mises en cause. Il affirme faire jeu "égal" avec "les meilleures normes de protection des travailleurs au monde aujourd'hui".
"La coupe du monde est une partie, je ne dirais pas petite, mais elle fait partie d'un grand plan", a poursuivi Mohammed al-Jadaan: "Pour nous, investir dans le sport, le divertissement et la culture pour attirer des investisseurs est en fait un excellent pari."
A.Olsson--RTC