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Les menaces de Donald Trump rebattent les cartes politiques au Canada
Les menaces de Donald Trump rebattent les cartes politiques au Canada / Photo: Dave Chan - AFP/Archives

Les menaces de Donald Trump rebattent les cartes politiques au Canada

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche n'en finit plus de bouleverser le Canada et rebat les cartes politiques dans un pays qui s'interroge sur la meilleure personne pour faire face aux menaces américaines.

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C'est un come-back auquel peu de monde croyait: quand le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé sa démission début janvier, son Parti libéral était en route pour une lourde défaite électorale face à des conservateurs ayant le vent en poupe.

Mais les menaces économiques et les attaques sur la souveraineté canadienne de Donald Trump, qui veut faire du pays le 51e Etat américain, ont complètement modifié la donne.

Depuis des mois, tous les sondages donnaient le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, large vainqueur des élections législatives qui se tiendront au plus tard le 20 octobre. Fin décembre, celui qui est soutenu par Elon Musk, conseiller omniprésent du président américain, était crédité de 45% des intentions de vote contre 16% pour le libéraux.

Mais aujourd'hui, les deux partis sont au coude-à-coude.

Car Mark Carney, ancien banquier central, qui est donné favori pour succéder à Justin Trudeau le 9 mars prochain, est vu comme un rempart efficace contre le président américain.

"Trump joue les durs", lâche Laura Stephenson, politologue à l'université Western. Cela pousse les Canadiens à vouloir "quelqu'un qui puisse lui tenir tête".

Comme Mark Carney "a été le banquier (principal) de deux grands pays", les électeurs "pensent qu'il est capable de jouer ce jeu, puisqu'il s'est assis à ce genre de tables", souligne-t-elle.

- "Panique" -

Jusqu'ici les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux usés et impopulaires après bientôt dix ans au pouvoir et jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics.

Mais les relations avec les États-Unis sont maintenant au centre des préoccupations, devant la question du logement, pourtant une obsession nationale.

Donald Trump menace d'imposer des droits de douane de 25% sur tous les produits canadiens début mars, ce qui pourrait déclencher une guerre commerciale et plonger le pays dans une récession.

Le président américain a également évoqué à de nombreuses reprises la possibilité pour les Etats-Unis et le Canada de fusionner et a menacé de faire usage de la "force économique" pour annexer son voisin du nord.

La remontée des libéraux fait actuellement "paniquer" les conservateurs, remarque Nelson Wiseman, professeur de sciences politiques à l'Université de Toronto. Mais les choses peuvent encore changer d'ici les législatives, prévient-il.

Mark Carney est "le petit nouveau" et bénéficie d'une fraîcheur qui pourrait s'estomper lorsque les conservateurs se concentreront sur une nouvelle cible libérale, après avoir martelé un message anti-Trudeau pendant des années, estime-t-il.

L'homme de 59 ans a fait fortune en tant que banquier d'affaires chez Goldman Sachs avant de devenir gouverneur de la Banque du Canada, où il a aidé le pays à traverser la crise financière de 2008-2009.-

En 2013, il est devenu le premier non Britannique à diriger la Banque d'Angleterre, et beaucoup considèrent qu'il est l'artisan de la stabilité qui a prévalu pendant le Brexit.

Depuis qu'il a quitté la banque en 2020, il a été envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l'action climatique et président d'une grande entreprise canadienne.

Sa principale rivale, l'ancienne vice-Première ministre du Canada Chrystia Freeland, est tout aussi qualifiée, note Laura Stephenson, puisqu'elle a été ministre des Finances et a négocié directement avec l'administration Trump lors de son premier mandat.

Son association étroite avec un gouvernement Trudeau devenu profondément impopulaire est toutefois un désavantage, estiment les experts.

Pendant ce temps, Mark Carney prend clairement ses distances avec M. Trudeau et se qualifie d'"outsider" qui "ne faisait pas partie du gouvernement".

E.Reyes--RTC