Moscou visée par des dizaines de drones avant des pourpalers Ukraine-Etats-Unis en Arabie Saoudite
Moscou a été visée dans la nuit de lundi à mardi par une attaque ukrainienne mobilisant des dizaines de drones à quelques heures d'une réunion en Arabie saoudite où Kiev compte présenter aux Etats-Unis un plan pour un cessez-le-feu partiel avec la Russie.
Au moment où l'Ukraine espère retrouver le soutien de Washington après le récent cataclysme dans leurs relations, le maire de Moscou Sergueï Sobianine a indiqué que la défense anti-aérienne russe avait intercepté au moins 65 drones ukrainiens.
"Les spécialistes des services de secours travaillent sur les lieux de chute de débris", a-t-il indiqué sur Telegram.
Il a fait état dans l'immédiat du toit d'un immeuble endommagé par une chute de débris au sud de la capitale.
Des médias russes ont diffusé sur les réseaux sociaux des images d'immeubles d'habitations touchés par des chutes d'appareils, avec des fenêtres brisées ou des trous dans des toits.
Si l'Ukraine et la Russie envoient quotidiennement des dizaines de drones vers leurs territoires respectifs, la capitale russe est elle-même rarement touchée.
Cette attaque ukrainienne intervient alors que doivent se tenir en Arabie Saoudite mardi des pourparlers qui doivent servir à "définir un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial" entre la Russie et l'Ukraine, selon l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.
Il s'agit des premiers à ce niveau entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite désastreuse du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février. Un déplacement qui avait donné lieu à une spectaculaire joute verbale avec Donald Trump et son vice-président dans le Bureau ovale, devant la presse et le monde entier.
Washington a, depuis, suspendu son aide militaire à Kiev et son partage de renseignements, conséquence fracassante de la transformation des relations entre les Etats-Unis et l'Ukraine depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.
Bien que le président américain ait multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d'être un "dictateur" ou de n'être pas assez reconnaissant envers Washington, le ton semble s'être apaisé.
Donald Trump, qui a amorcé en parallèle un spectaculaire rapprochement avec la Russie, a estimé que son homologue ukrainien était prêt à négocier, et a même menacé Moscou de nouvelles sanctions.
Pour avancer, l'Ukraine arrive à Jeddah avec une proposition, a indiqué lundi à l'AFP un haut responsable ukrainien sous couvert de l'anonymat: une "trêve dans les airs" et "en mer" avec Moscou.
"Ce sont les options de cessez-le-feu qui sont faciles à mettre en place et à surveiller et il est possible de commencer par elles", a-t-il ajouté.
- "Concession" -
M. Zelensky est arrivé lundi à Jeddah pour rencontrer les dirigeants saoudiens mais doit laisser à trois de ses hauts responsables le soin de participer aux pourparlers.
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, également arrivé lundi dans la ville saoudienne, a dit avoir bon espoir que la suspension de l'aide militaire américaine à Kiev soit résolue.
Il a aussi jugé prometteuse l'idée d'un cessez-le-feu partiel: "Je ne dis pas que cela seul sera suffisant, mais c'est le genre de concession nécessaire afin de mettre fin au conflit", a-t-il dit à des journalistes peu avant son arrivée à Jeddah.
"On ne va pas obtenir de cessez-le-feu et de fin à cette guerre si les deux parties ne font pas de concessions" a-t-il ajouté.
M. Rubio a dit ne pas s'attendre à être assis dans une pièce à Jeddah avec les Ukrainiens "en train de dessiner des lignes sur une carte" en vue d'un accord final.
Mais il a dit qu'il rapporterait les idées discutées à la Russie.
- Kiev à la peine sur le front -
Une éventuelle rencontre entre MM. Zelensky et Rubio n'a pas été annoncée.
Allié historique des Etats-Unis, Ryad consolide son influence internationale avec cette rencontre.
Après avoir été reçu par le prince héritier, Volodymyr Zelensky a assuré aborder les discussions de mardi de manière "absolument constructive", estimant que l'Arabie saoudite apportait "une plateforme très importante pour la diplomatie".
Selon la présidence ukrainienne, leur entretien a porté sur "une possible médiation de l'Arabie saoudite pour la libération de prisonniers militaires et civils et le retour d'enfants déportés", ainsi que sur les garanties de sécurité réclamées par Kiev.
Les pourparlers ont lieu à l'heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le week-end, la Russie a revendiqué d'importantes avancées dans sa région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.
Lundi, le commandant en chef de l'armée ukrainienne a annoncé que Kiev allait "renforcer" son contingent militaire combattant dans la région russe de Koursk.
Au moins trois personnes ont été tuées et neuf blessées lundi dans une frappe ukrainienne sur un magasin dans un village de cette région, selon le gouverneur régional.
E.P.Marquez--RTC