

Le ton monte à nouveau entre Trump et le Canada
Donald Trump, pour qui l'annexion du Canada est une idée fixe depuis son retour au pouvoir, a redoublé d'agressivité commerciale mardi contre Ottawa, tandis que les autorités canadiennes ont promis de répliquer à toute surenchère de droits de douane.
Le président américain a souhaité mardi, à sa manière, la bienvenue au nouveau Premier ministre canadien Mark Carney.
Réagissant à l'annonce par la province canadienne de l'Ontario d'une surtaxe sur les exportations d'électricité vers trois Etats américains, il a annoncé sur son réseau Truth Social qu'il doublait à 50%, contre 25% auparavant, les droits de douane sur l'acier et l'aluminium canadiens, devant entrer en vigueur mercredi.
Le Canada "devra réagir" si Donald Trump met à exécution cette menace, a indiqué mardi à l'AFP une source gouvernementale haut placée.
Le président américain a par la suite publié un autre message plein de colère sur Truth Social, en assurant, à propos des menaces sur l'électricité, que le Canada allait "payer pour ça un prix si lourd que les livres d'histoire en parleront pendant de nombreuses années."
- "La seule chose sensée" -
Avec cette annonce, le président américain frappe au coeur les échanges commerciaux entre deux pays intimement liés sur le plan économique, et jusqu'alors étroitement alliés sur le plan diplomatique.
50% de l'aluminium et 20% de l'acier importés aux Etats-Unis proviennent du Canada, selon le cabinet EY-Parthenon.
"Augmenter le prix de matières premières cruciales pour l'industrie américaine, qui emploie 10 millions de personnes, c'est ce que ferait un ennemi des Etats-Unis", a critiqué sur X mardi l'économiste et ancien ministre des Finances américain Larry Summers.
M. Trump a par ailleurs écrit qu'il imposerait le 2 avril de telles taxes douanières sur les voitures que cela "mettrait à l'arrêt définitivement l'industrie automobile au Canada".
La "seule chose sensée" à faire pour le pays est de devenir le "51ème Etat américain", ce qui mettrait fin de facto à la guerre commerciale, a répété le responsable républicain de 78 ans.
Le nouveau chef du gouvernement canadien Mark Carney avait lui assuré dimanche soir dans un discours offensif que son pays "ne ferait jamais partie des Etats-Unis, de quelque façon que ce soit".
"Le Canada n'est pas à vendre", a également répondu sur CNBC mardi Doug Ford, le Premier ministre de l'Ontario, la province canadienne la plus peuplée.
Parlant d'une attaque non provoquée, M. Ford a assuré que la seule solution était d'abandonner cette guerre commerciale, "parce que cela renforcera nos deux pays. Nous sommes votre plus important client, nous achetons plus de produits américains que n'importe quel autre pays dans le monde".
Donald Trump, dans le même message sur Truth Social mercredi, écrit que si les Canadiens devenaient Américains, "il n'y aurait plus de droits de douane, ni rien d'autre. Les Canadiens paieraient significativement moins d'impôts, ils seraient plus en sécurité (...) qu'avant."
- "Artificielle" -
Il a qualifié d'"artificielle" la frontière séparant les deux pays.
Depuis son investiture le 20 janvier, Donald Trump a multiplié les annonces fracassantes et les revirements tout aussi spectaculaires en matière de droits de douane, ce qui fait tanguer la finance et l'économie mondiales.
Le Canada est peu à peu apparu comme la cible privilégiée de la rhétorique commerciale agressive et des visées expansionnistes du président américain, qui convoite également le Groenland ainsi que le canal de Panama.
L'ancien promoteur immobilier n'a de cesse de clamer son "amour" pour les droits de douane qui, selon lui, doivent permettre à la fois de rapatrier des usines aux Etats-Unis et de réduire le déficit, quitte à causer des "perturbations" financières passagères.
Cet "âge d'or" protectionniste vanté par le milliardaire convainc de moins en moins les investisseurs, qui spéculent désormais sur une récession aux Etats-Unis, chose impensable il y a quelques semaines à peine.
Mardi, les indices vedettes de la Bourse de New York, le Dow Jones et le Nasdaq, continuaient de s'enfoncer après avoir subi de lourdes pertes lundi.
La première puissance mondiale importe environ la moitié de l'acier et de l'aluminium qu'elle utilise, pour l'automobile, l'aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, comme les conserves.
Ch.Jacobs--RTC