

Turquie : le premier parti d'opposition convoque son grand rassemblement
Le CHP, le parti d'opposition du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, convoque samedi un grand rassemblement pour dénoncer l'arrestation de l'édile, malgré la répression qui continue de s'abattre sur les protestataires.
La foule doit se retrouver à 12H00 (09H00 GMT) sur la rive asiatique de la métropole "pour poursuivre la marche vers le pouvoir", selon l'appel du chef du Parti républicain du peuple (CHP), Ögür Özel.
L'arrestation de M. Imamoglu le 19 mars a déclenché une vague de protestations inédite en plus d'une décennie à travers la Turquie, mobilisant des dizaines de milliers de manifestants chaque soir dans les rues, jusqu'à lundi soir.
Depuis, le parti a cessé de convoquer la foule devant la municipalité. Les jeunes et les étudiants surtout ont tenté de poursuivre la mobilisation mais la répression qui continue avec des arrestations, chez eux à l'aube, de manifestants, journalistes, avocats semble rebuter les plus déterminés.
Rien qu'à Istanbul, 511 étudiants avaient déjà été interpellés vendredi, dont 275 incarcérés, selon l'avocat Ferhat Güzel.
"Mais ce nombre est probablement beaucoup plus élevé", a-t-il affirmé à l'AFP.
Selon les dernières données officielles publiées jeudi, plus de 2.000 personnes ont été arrêtées dont 260 avaient été incarcérées.
Vendredi soir, le journaliste suédois Joakim Medin, interpellé lundi à sa descente d'avion a été placé en détention dans une prison d'Istanbul, a indiqué le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC.
Andreas Gustavsson a indiqué à l'AFP ne "pas avoir été informé des accusations qui le visent" mais selon les médias turcs le reporter est accusé d'avoir "insulté le président" turc Recep Tayyip Erdogan et d'être "membre d'une organisation terroriste armée".
"Je sais que ces accusations sont fausses, 100% fausses", a insisté M. Gustavsson sur son compte X.
- "Le début d'un voyage" -
Avant M. Medin, un reporter de la BBC, Mark Lowen a été expulsé "pour trouble à l'ordre public". Au moins douze journalistes turcs ont été arrêtés dans la semaine. La plupart ont été libérés, mais restent accusés d'avoir participé à des manifestations interdites qu'ils couvraient pour leur média, dont un photographe de l'AFP, Yasin Akgül, qui a dit craindre "une volonté d'empêcher les journalistes de faire leur travail".
Vendredi, l'avocat du maire d'Istanbul, Mehmet Pehlivan, a été "arrêté pour des motifs inventés de toutes pièces", selon M. Imamoglu, puis remis en liberté dans la soirée.
En ce début du long weekend de l'Aïd el Fitr, qui sera célébré dimanche pour marquer la fin du ramadan, le meeting du CHP aura valeur de test pour l'opposition alors que de nombreux stambouliotes auront quitté la ville pour se rendre dans leur famille.
D'autant que le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé cette semaine l'octroi de neuf jours de congés aux fonctionnaires et institutions publiques.
Le Parti du fondateur de la République Mustafa Kemal, première force d'opposition, s'apprêtait à investir M. Imamoglu comme son candidat pour la prochaine élection présidentielle prévue en 2028 quand il a été arrêté le 19 mars et envoyé en prison cinq jours plus tard.
Selon le CHP, quinze millions de personnes, bien au-delà du parti, ont néanmoins participé à la primaire symbolique maintenue le jour même pour le soutenir.
"La candidature d'Ekrem Imamoglu c'est le début d'un voyage qui garantira la justice et la souveraineté de la nation", a lancé M. Özel sur X pour motiver les troupes.
A.Taylor--RTC