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Yaël Braun-Pivet, un itinéraire express en macronie, jusqu'au perchoir de l'Assemblée
Yaël Braun-Pivet, un itinéraire express en macronie, jusqu'au perchoir de l'Assemblée / Photo: Thomas COEX - AFP/Archives

Yaël Braun-Pivet, un itinéraire express en macronie, jusqu'au perchoir de l'Assemblée

Grande favorite pour devenir la première femme présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, novice en politique il y a cinq ans, a connu des débuts poussifs durant l'affaire Benalla puis su se faire des alliés, une nécessité dans le chaudron de la nouvelle Assemblée.

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Aux oppositions, la ministre de 51 ans disait, après la perte de la majorité absolue aux législatives: "il va falloir qu'on travaille ensemble, il va falloir chercher des majorités d'idées" et "on est tous comptables de cette action collectivement".

Yaël Braun-Pivet a depuis changé de poste, mais pas de mission. Elle a quitté samedi le gouvernement, après seulement un mois et cinq jours au ministère des Outre-Mer, ce qui lui a valu la colère de plusieurs élus de ces territoires.

Et devrait sauf accident être élue mardi au perchoir de l'Assemblée.

La députée blonde des Yvelines, présidente de la commission des Lois pendant cinq ans, est devenue une figure incontournable du Palais Bourbon. "J'ai tenu la barre face aux crises, du terrorisme à la pandémie", sujets de sa commission, fait-elle valoir.

Et de vanter sa "nouvelle méthode de travail, faite d'écoute" et de "co-construction" y compris avec les oppositions dont elle a su se faire apprécier. Les femmes "doivent réussir en politique sans imiter ou s'adapter à un modèle masculin", juge Yaël Braun-Pivet.

Désormais face aux élus RN et LFI en force, "il faut quelqu’un de stable et expérimenté, avec un sens de la répartie", relève un ministre qui la soutient.

En 2017, la néo-députée avait été choisie pour la commission des Lois, rompant la tradition de nommer une personne expérimentée.

Ancienne avocate pénaliste, cette native de Nancy avait mis sa "vocation" entre parenthèses pour suivre son mari, cadre chez L'Oréal, sept ans à Taïwan et au Japon, et élever leurs cinq enfants.

De retour, elle s'investira aux Restos du Coeur, créant des consultations gratuites d'avocats et un centre d'accueil dans les Yvelines.

Son adhésion à En Marche - après avoir "toujours voté PS" - est un "prolongement": "dans l'action sans rester sur des postures".

- Pas "autoritaire" -

Ses premiers pas lui valent un procès "en amateurisme" des oppositions mais aussi d'élus de la majorité.

Elle imprime ensuite sa marque avec des visites collectives de terrain, notamment dans une trentaine d'établissements pénitentiaires.

A l'été 2018, c'est la douche froide: la commission d'enquête sur l'ex-collaborateur du président Alexandre Benalla, dont elle est co-rapporteure, explose après le retrait de l'opposition.

Plusieurs députés accusent Mme Braun-Pivet de "protéger" l'Élysée, l'Insoumis Alexis Corbière la qualifiant de "Benalla de l'Assemblée nationale".

Cible de menaces antisémites et d'injures sexistes sur les réseaux sociaux, Yaël Braun-Pivet dira quelques mois après que sa "position était intenable dès le départ".

Si ses qualités humaines - "chaleureuse", "pas tordue" - sont saluées, elle se voit parfois reprocher d'être trop "sympa". "C'est pas mon truc d'être chiante et autoritaire", réplique Yaël Braun-Pivet.

Cette descendante de "l'immigration slave, juive polonaise et juive allemande, avec des grands-parents entrés en France avec des visas touristes" dans les années 1930, préfère les débats internes aux bras de fer publics.

Mais un député d'opposition grince: "Elle n'a pas démontré de grande hauteur de vue". "Elle a apporté beaucoup de fraîcheur, a été persévérante", lui reconnaît Xavier Breton (LR).

Opiniâtre, Yaël Braun-Pivet s'est fortement engagée l'année dernière en faveur de la proposition de loi d'Olivier Falorni autorisant l'euthanasie. Elle a aussi cherché à avancer dans la rénovation de la vie démocratique.

La députée ne cachait pas ses ambitions en macronie, se présentant dès 2018 pour le perchoir avant de retirer sa candidature face à Richard Ferrand qui, avait-elle pourtant dit, "n'incarne pas le renouvellement".

"Elle prend sa revanche", glisse une source gouvernementale, alors que M. Ferrand a été battu dans les urnes.

Son rejet en 2018 de l'inscription du droit à l'avortement dans le préambule de la Constitution l'a rattrapée durant le week-end, après la remise en cause du droit à l'IVG aux Etats-Unis. "Il n'est nul besoin de brandir des peurs" en France, assurait-elle alors.

Ses propos ont été abondamment relayés par LFI, en dénonçant un revirement de la majorité, qui vient de proposer une révision constitutionnelle... première escarmouche.

Y.Schmitz--RTC