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Six nations: de Rome à Dublin, l'heure des choix pour Galthié
En ne faisant qu'une bouchée de l'Italie dimanche (73-24), le XV de France s'est relancé en misant sur une "émulation" jugée nécessaire par Fabien Galthié, qui devra faire des choix difficiles en vue du match en Irlande dans deux semaines, crucial pour la victoire finale dans le Tournoi des six nations.
Après trois journées et malgré un revers cruel en Angleterre (26-25), les Bleus peuvent y croire, et ils auraient tort de ne pas le faire, revigorés par un succès record et repositionnés à seulement trois longueurs du leader irlandais.
Au Stade Olympique, des invités-surprises ont déboulé sans complexe pour bousculer la hiérarchie longtemps établie dans le groupe France, de l'ailier Théo Attissogbe (20 ans, 5 sélections) à l'arrière Léo Barré (22 ans, 7 sél.), en passant par le deuxième ligne Mickaël Guillard (24 ans, 8 sél.)
"C'est des joueurs qu'on a découverts au fil du temps la saison dernière, on a confiance en eux, on leur a donné notre confiance et ils nous la rendent", s'est réjoui le sélectionneur.
- "Au staff de gérer" -
Tous les trois, en plus d'avoir inscrit des essais (deux pour Barré, un pour Guillard et Attissogbe), ont également marqué des points dans l'esprit du staff.
"Sur le terrain, j'essaie de tout donner, de faire les meilleures prestations possibles. Après, c'est au staff de gérer tout ça", a jugé le jeune ailier palois, parfait exemple de la concurrence promue par Galthié durant toute la semaine précédant le déplacement à Rome.
Après des sorties convaincantes durant la tournée d'automne et en ouverture du Tournoi contre les Gallois, Attissogbe a profité de la prestation mitigée en Angleterre de Damian Penaud pour être titularisé et pousser son homologue bordelo-béglais hors de la feuille de match.
Tranchant dans ses actions offensives et très solide défensivement, il a fait le nécessaire pour, a minima, faire naître un débat sur le choix à faire avant d'aller défier l'Irlande.
Son compère de l'arrière, Léo Barré, a lui aussi fait un retour fracassant, après avoir manqué les deux premières rencontres du Tournoi en raison d'une commotion.
"L'émulation est super importante, on le sait depuis le début, depuis que Fabien nous a appelés, rien n'est acquis", a-t-il souligné, avant d'ajouter: "Il peut se passer plein de choses, on l'a bien vu avec le carton rouge de Romain (Ntamack), ça va très vite."
Le trois-quart du Stade français sait que l'ouvreur toulousain sera de nouveau disponible pour aller à Dublin, ce qui pourrait pousser le staff des Bleus à lui confier la conduite du jeu, et par effet domino, faire repasser Thomas Ramos à l'arrière.
"Romain est là, il y a une hiérarchie à respecter, on en est tous conscients, on est jeunes, que ce soit moi, Théo, Louis (Bielle-Biarrey), on est là pour créer de l'émulation et que l'équipe performe, c'est la priorité", a tempéré le Parisien.
- Fickou de retour ? -
Comme lui, le Lyonnais Mickaël Guillard a fait oublier l'absence à cause d'une infection pulmonaire d'Emmanuel Meafou. Puissant et précieux en conquête, il devrait néanmoins perdre sa place si "Manny" est rétabli, mais semble avoir fait le nécessaire pour rester dans le groupe.
D'autant plus avec le choix d'un banc à sept avants audacieux mais intéressant à Rome, qui pourrait être reconduit en Irlande.
"On a une très grosse émulation, ça permet de tirer tout le monde vers le haut", a affirmé Guillard après sa première titularisation dans le Tournoi.
Les changements opérés avec succès à Rome ont montré l'ampleur de l'éventail de choix à disposition de Fabien Galthié. Et certains pourraient en pâtir, à commencer par le centre Pierre-Louis Barassi, symbole de difficultés défensives françaises latentes qui pourraient coûter cher face au tranchant offensif irlandais.
Gaël Fickou, traditionnel taulier de l'arrière-garde tricolore, de retour de blessure, pourrait lui être préféré face à la puissance de frappe des redoutables Bundee Aki et autre Robbie Henshaw.
Avant de s'attaquer à "la plus grande montagne de ce Tournoi", selon les mots d'Antoine Dupont, Fabien Galthié a l'embarras du choix. Et deux semaines pour réfléchir.
Y.Schmitz--RTC