Tour de France: Bardet et Pinot, les revenants
Un duo de revenants: Romain Bardet et Thibaut Pinot, les chefs de file de la génération 1990, reprennent leur place dans le peloton du Tour de France, avec des ambitions volontairement limitées mais peut-être sous-évaluées.
Ils ont fait défaut l'an passé, l'un (Pinot) pour soigner un dos abîmé par sa chute lors de l'édition précédente, l'autre (Bardet) pour privilégier deux autres grands tours, le Giro et la Vuelta. Mais, la trentaine passée, ils sont restés au cœur du cyclisme national, respectés ou aimés par le public et les médias qui attendent d'eux bien plus que ce qu'ils promettent.
"C'est une habitude en France", constate Vincent Lavenu, le patron de l'équipe AG2R Citroën qui fut jusqu'en 2020 la formation de Bardet. "Cela fait si longtemps qu'un Français n'a pas gagné le Tour (1985) que l'attente est très forte. Dès qu'un coureur pointe le bout de son nez, on en fait des tonnes".
Au départ de Copenhague, Bardet et Pinot sont les seuls Français qui ont déjà pris place sur le podium du Tour, même si la performance commence à dater (2016 et 2017 pour le premier, 2014 pour le second). Mais ils se gardent de proclamer pareille ambition pour le Tour 2022 qui marque leur retour devant un public français en attente.
Si Pinot a disputé 15 de ses 42 jours de course cette année sur le territoire national, Bardet n'est plus réapparu en compétition, devant son public, depuis octobre 2020. Dans ses 102 jours de course hors de France, il a participé à deux reprises au Giro avec des fortunes diverses. Septième l'an passé, il a joué les premiers rôles durant près de deux semaines, en mai, avant d'abandonner en raison d'une +gastro+.
- Rivaliser en montagne -
"Physiquement, il m'a fallu un bon petit moment pour me remettre", a expliqué ensuite l'Auvergnat qui n'a plus couru depuis le 20 mai, jour de son départ forcé du Giro. "Même si cela a été dur à vivre, ça ne remet pas en cause tout le travail".
Bardet préfère positiver. "J'étais au niveau, en mesure de me battre avec les meilleurs sur un grand tour", estime-t-il sans pour autant transposer le même niveau sur le Tour de France qui ne figurait pas nécessairement dans son programme initial, à en croire les rares informations dévoilées par son équipe DSM.
Le discours diffère de celui de Pinot transformé dans ce Tour en "ange gardien" de David Gaudu en montagne. Courir au jour le jour, saisir les opportunités, ne pas penser au lendemain, se faire plaisir... les expressions, à la façon d'éléments de langage, dessinent un profil raisonnablement ambitieux qui évoque davantage des succès d'étape de prestige, un objectif aussi avoué par Pinot, qu'un classement général de haut rang à Paris.
Rien n'est interdit toutefois dans ce Tour, compte tenu des aléas de la première semaine et du tri qui risque d'être fait parmi les candidats au classement général.
Avec la fraîcheur physique et mentale indispensable, Bardet et Pinot (positif au Covid après le Tour de Suisse mais finalement apte) ont les moyens de rivaliser en montagne. Le premier a fait jeu égal avec les meilleurs durant le Giro, le second a gagné l'étape-reine du Tour de Suisse. A défaut de certitudes, ils nourrissent l'espérance française pour ne pas se limiter au seul David Gaudu.
S.Martin--RTC