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Venezuela: les jeunes promesses olympiques face à la crise
Venezuela: les jeunes promesses olympiques face à la crise / Photo: Yuri CORTEZ - AFP/Archives

Venezuela: les jeunes promesses olympiques face à la crise

A 15 ans, le perchiste vénézuélien Ricardo Montes de Oca détient une des six meilleures performances mondiales des moins de 18 ans, mais pour participer aux JO de 2024 et 2028, il doit aussi passer l'obstacle de la grave crise économique que traverse son pays.

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Outre une crise politique, le Venezuela a vécu huit années consécutives de récession qui ont conduit à l’émigration de plus de 5 millions de personnes et plongé dans le pays dans un abîme économique où quatre familles sur cinq vivent dans la pauvreté.

Dans ce contexte, les aides aux athlètes et les investissements dans le sport ont fondu. Mais les victoires de demain se préparent pourtant aujourd'hui.

Même le champion olympique d'escrime Ruben Limardo, médaillé d'or à Londres en 2012, a dû combiner son entraînement pendant quelques mois en Pologne, où il vit, avec un emploi de livreur à vélo.

A fortiori, les jeunes pousses vénézuéliennes comme Montes de Oca, la nageuse Maria Yegres ou l'haltérophile Kerlys Montilla doivent aussi batailler ferme pour espérer suivre les traces de la sauteuse Yulimar Rojas, championne olympique à Tokyo et recordwoman du monde.

En avril, Montes de Oca lève les bras en signe de célébration après avoir franchi 5 mètres lors d'un entraînement sur une installation militaire à Caracas. Il exulte et embrasse son père, qui lui lance: "Tu vois que tu peux le faire! Allez!".

Quelques semaines plus tard, il remporte l'or aux Jeux sud-américains de la jeunesse de Rosario (Argentine) avec 5,06 mètres. Le 17 juin, il a encore repoussé la barre un peu plus haut, franchissant 5m11 aux championnats nationaux des moins de 20 ans. Seuls le Polonais Michal Gawenda (5,40), les Suisses Valentin Imsand (5,30) et Justin Fournier (5,15), l'Allemand Hendrik Müller (5,20) et le Tchèque Ladislav Sedlacek (5,20) ont fait mieux chez les moins de 18 ans.

Il a commencé la perche à 13 ans et espère suivre l'exemple de son idole, le Suédois Armand Duplantis, champion olympique à Tokyo et recordman du monde (6m20) qui franchissait déjà 5m30 à 15 ans.

"On cherche toujours un moyen d'avancer", explique à l'AFP Montes de Oca, qui s'entraîne avec quelques vieilles perches dans sa ville natale de Barquisimeto, à quelque 360 kilomètres à l'ouest de Caracas. Il confie espérer pouvoir améliorer encore ses performances avec un matériel plus récent.

- Immigrée en Espagne -

Montes de Oca a amélioré ses records de 21 cm depuis août l'année dernière mais il lui faut encore progresser s'il veut faire autre chose que de la figuration à Paris. Les projections le placent parmi les candidats potentiels au podium en 2028.

Agée de 16 ans, la nageuse polyvalente Maria Yegres qui a écrasé les jeux nationaux locaux en remportant dix médailles d'or, pourrait être dans une voie d'eau menant vers des finales olympiques.

La prodige est revenue avec quatre médailles dont une d'or (800m nage libre) des Jeux panaméricains juniors 2021 à Cali-Valle del Cauca (Colombie) mais, crise oblige, sa famille et elle ont émigré vers l'Espagne en 2014.

"J'ai fait des temps que nous n'avions même pas prévu de faire", a-t-elle déclaré, confiant être surprise par ses progrès

L'haltérophile Kerlys Montilla, 17 ans, a elle brillé dans la catégorie des 45 kg aux Championnats du monde des moins de 17 ans à Leon, au Mexique, avec l'or à l'arraché (71 kg), le bronze à l'épaule-jeté (82 kg) et l'argent au total (153 kg).

L'haltérophilie, qui nécessite peu de moyens, avait donné de bons résultats au Venezuela aux Jeux de Tokyo, avec deux médailles d'argent (Keydomar Vallenilla et Julio Mayora).

Si les jeunes n'ont pas encore la renommée de Rojas ou Limardo, "Ils sont la piste d'envol. Ils disent à tout le monde: +Nous voici!+", estime Maria Soto, élue présidente du Comité olympique vénézuélien (COV) en mai.

"Nous avons beaucoup d'espoir", déclare Mme Soto. Les problèmes économiques sont "toujours difficiles. C'est une réalité (...), cependant, nous orientons les ressources dont nous disposons vers nos athlètes", assure l'ancienne joueuse olympique de softball.

E.P.Marquez--RTC