Tour de France: "En gagner une belle à la pédale", espère Bardet
Actuel quatrième du Tour de France, Romain Bardet vise toujours une victoire d'étape "à la pédale" alors qu'on arrive dans les Pyrénées, mais regrette qu'on "déprécie" une place dans le top 8 du général qui demande des "efforts immenses" dans une course aussi exigeante.
Remporter une étape, "c'est plus facile quand on a vingt minutes de retard au général", estime le grimpeur français de l'équipe DSM, classé à 3 min 01 sec du maillot jaune et à 18 sec du podium, qui s'est confié à la presse à l'issue d'une sortie de décrassage lundi lors de la journée de repos à Carcassonne.
QUESTION: Est-ce que vous êtes prêts à prendre des risques dans les Pyrénées, quitte à perdre des places au classement général ?
REPONSE: "On va voir comment la situation évolue. Pour l'instant, je mesure le chemin parcouru pour être aussi bien placé après deux semaines. Toutes les portes sont ouvertes. C'est vrai que ce classement me prive certainement d'aller dans une échappée, comme par exemple sur l'Alpe d'Huez. C'est plus facile quand on a vingt minutes de retard au général. Mais j'aime aussi courir comme ça et j'aimerais bien en gagner une belle à la pédale. Je ne sais pas si ce sera possible, parce qu'ils sont très très forts devant. Mais pour moi c'est important, après un début de saison contrasté, de me retrouver avec les meilleurs à l'avant sur quinze jours."
Q: Votre victoire à Peyragudes en 2017 peut-elle vous inspirer ?
R: "C'est un excellent souvenir, je n'étais pas super toute la journée et puis finalement j'avais trouvé l'ouverture dans le final. Sur ce Tour, quand Vingegaard et Pogacar accélèrent, je me sens à la limite. Personne ne peut rivaliser avec eux. Mais on ne sait jamais. Sur les trois prochains jours, il va falloir être dur au mal, résistant dans la tête. Parce qu'ils vont certainement s'attaquer loin de l'arrivée encore et ça peut être ma chance de gagner une étape, en essayant d'anticiper, s'il me reste un peu de d'énergie."
Q: Comment expliquez-vous qu'il n'y ait toujours pas de victoire française sur ce Tour ?
R: "C'est vrai qu'on n'a pas le coureur supérieur à tout le monde qu'on pouvait avoir avec Julian (Alaphilippe) les autres années sur un type d'arrivée défini. On n'a pas de vrais sprinteurs. (Arnaud) Démare n'est pas là. Et David Gaudu et moi-même, on est dans les 5, 6 meilleurs en montagne, mais pas dans les tout meilleurs. Donc je pense qu'il y a malheureusement pas vraiment de surprise. Ici c'est le meilleur niveau qu'on peut trouver en cyclisme. Il reste six jours et je pense qu'il y aura des opportunités, même si ça va être compliqué."
Q : Avec zéro victoire mais deux Français dans le top 8 faut-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ?
R: "Pour être honnête, c'est plus dur de faire un classement général que de se relever certains jours et d'aller à fond pour la victoire d'étape. Je ne dis pas que c'est facile de gagner sur le Tour. Mais je pense qu'on déprécie une place dans le top 7, le top 8 sur le Tour de France parce que les efforts à consentir pour y arriver, pour être à ce niveau-là, sont immenses. Ce n'est pas un +one shot+ sur 21 étapes. C'est 21 étapes à fond. Bien sûr, j'ai envie de regagner sur le Tour, mais je trouve que c'est encore plus gratifiant de se battre tous les jours avec les tout meilleurs à la pédale en montagne."
Q: Vous attendez-vous à une troisième semaine aussi intense que les deux premières ?
R: "Ah oui. On voit que le peloton est fatigué, tout le monde est un peu à la limite. Il n'y a pas eu une journée sur le Tour de France où on a pu laisser couler, se reposer un petit peu et discuter. J'ai l'impression de ne pas avoir soufflé du tout sur ce Tour de France. Les trois dernières étapes de montagne, ça va être la lutte finale pour au classement général donc on peut s'attendre à du mouvement. Ca va être explosif."
Propos recueuillis en conférence de presse vidéo
R.Gutierrez--RTC