Le Tour de France Femmes ne doit pas être "dans l'ombre des hommes", juge Marion Rousse
Le choix d'organiser le Tour de France Femmes à la suite de la course masculine, avec une seule journée de télescopage dimanche, vise à ne pas laisser l'épreuve "dans l'ombre des hommes", explique sa directrice Marion Rousse dans un entretien à l'AFP.
QUESTION: À la différence de la plupart des classiques de la saison organisées le même jour que la course masculine, les deux Tours ne se télescopent qu'une journée, pourquoi ce choix ?
RÉPONSE: "Ce n'est pas la meilleure option pour le cyclisme féminin. Même si c'est vrai qu'en terme d'organisation, il est plus simple d'avoir une journée de course plutôt que deux. Beaucoup de gens m'ont demandé pourquoi on ne faisait pas les courses hommes et femmes en même temps. Pour commencer, le jour même, c'est impossible du point de vue de l'organisation car le Tour est trop gros. Et ce serait la pire erreur qu'on puisse faire. Ce n'est pas une course d'attente qu'on veut offrir, mais un Tour de France Femmes. Il ne faut pas qu'il soit dans l'ombre des hommes."
Q: Pourquoi avoir choisi un format de huit jours ?
R: "S'il durait trois semaines, on tuerait les autres courses. En plus, l'encadrement des équipes est bien moindre chez les filles. Ils ne sont pas trente par équipes comme chez les hommes environ, mais plutôt dix dans le cyclisme féminin. Enfin, soyons francs, trois semaines, c'est un budget supplémentaire pour nous, avec le risque de mettre la clé sous la porte. À moins de faire une course au rabais. Mais quand on a le label Tour de France, on se doit de créer un vrai Tour de France, donc les mêmes infrastructures avant et après la course, la même sécurité et le même niveau d'exigences. Il y aura une caravane, une présentation des équipes, des villages départ, des animations. La même chose."
Q: Le parcours, cette année, ne propose que les Vosges comme massif montagneux, y aura-t-il de la haute montagne au programme un jour ?
R: "On peut imaginer de la très haute montagne, elles sont capables de la grimper et de rivaliser entre elles. Mais si on garde ce format de course de huit jours, évidemment on mettra toujours la montagne à la fin, lors du dernier week-end, comme dans Paris-Nice ou le Dauphiné chez les hommes. Mais évidemment qu'un jour on ira en très haute montagne."
Q: Y a-t-il un intérêt des collectivités, elles qui sont indispensables à l'organisation ?
R: "Pour l'instant, il y a moins d'engouement et c'est normal car c'est nouveau. Mais le tarif à payer pour accueillir des départs et arrivées est moindre que pour le Tour de France masculin. Et je suis surprise du nombre de lettres que j'ai reçues de maires faisant déjà candidature pour les années futures."
Q: Avec Juliette Labous et Evita Muzic, qui ont toutes deux 23 ans, le cyclisme français tient-il deux grands espoirs ?
R: "Au sein de son équipe DSM, Juliette Labous a été vraiment préservée parce qu'elle n'a pas été propulsée dans un rôle de leadership trop tôt. Elle a vraiment pu apprendre à son rythme. Même si elle a déjà joué des beaux classements généraux, notamment dans le Giro (septième en 2021, neuvième cette année, ndlr). Je pense que c'est la meilleure chance française au classement général. Evita Muzic avait pris une gamelle en fin de saison dernière, qui lui avait causé des problèmes à un genou, mais elle est bien revenue. Elle a fait un sacré travail pour Marta Cavalli (sa leader chez FDJ-Suez, ndlr) quand elle a gagné la Flèche wallonne. Elle est l'exemple de ces jeunes qui poussent et apprennent un peu dans l'ombre d'autres leaders. Elle va éclore demain. On risque de la voir dès cette année dans le Tour de France, sans doute pas pour jouer le classement général mais pour être actrice."
W.Janssens--RTC