Euro féminin: Wiegman a instillé sa culture de la gagne à l'Angleterre
Ballotée par l'Espagne pendant 70 minutes en quart de finale, l'Angleterre a fini par l'emporter. Un succès qui doit beaucoup à la présence de Sarina Wiegman sur le banc, recrutée justement pour l'emmener au bout de son Euro féminin de football.
Le test négatif au Covid subi par la Néerlandaise de 52 ans quelques heures seulement avant le match, après plusieurs jours d'isolement, aura peut-être été l'un des tournants majeurs du tournoi.
Menées 1-0 en début de seconde période et subissant le jeu de possession espagnol, c'est le coaching inspirée de leur sélectionneure qui a fait la différence, les remplaçantes Alexia Russo et Ella Toone combinant pour égaliser à six minutes de la fin de temps réglementaire.
Un missile de Georgia Stanway en pleine lucarne, après 6 minutes dans la prolongation, a ensuite scellé leur place dans le dernier carré, comme il y a 5 ans et comme lors des deux derniers Mondiaux.
Trois demies soldées par trois défaites. Mais c'était avant Wiegman...
L'ancienne professeure d'Education physique et sportive reste, à ce jour, invaincue à l'Euro avec 10 victoires en 10 matches, après avoir emmené les Pays-Bas au sacre chez eux, en 2017.
- Les coudées franches -
Au départ de Phil Neville en janvier 2021, moins d'un an et demi avant un Euro à domicile, la fédération anglaise de football n'avait qu'un nom en tête pour s'asseoir sur le banc des "Lionesses": Sarina Wiegman.
La FA a même accepté de repousser sa prise de fonction à septembre 2021, après les Jeux olympiques de Tokyo, où elle souhaitait diriger encore les Néerlandaises.
Mais l'attente en valait la peine. En 18 matches sous ses ordres, l'Angleterre n'a pas encore connu la défaite, alors qu'elle restait sur 6 revers lors des 10 dernières rencontres avant son arrivée.
Soutenue aveuglément par les instances, ses joueuses et les supporters, elle a les coudées franches et elle s'en sert.
Elle n'a, ainsi, pas hésité à laisser l'emblématique capitaine Steph Houghton sur le bord de la route, l'estimant insuffisamment remise d'une blessure à un tendon d'Achille.
Elle a aussi rappelé sur le banc Beth Mead, qui avait inscrit 5 buts et donné 3 passes décisives au premier tour, après 58 minutes seulement contre l'Espagne, tout comme l'avant-centre aux 109 sélections et 52 buts Ellen White ou la créatrice Fran Kirby, six minutes plus tard.
Avant les matches, "on parle de tous les scénarios possibles et on y est préparées", avait-elle expliqué après le match.
- "On a le contrôle" -
"Tout part de la qualité des joueuses. On a tellement de qualité dans le groupe que c'est facile de décider de ces changements parce qu'on sait que les joueuses qui entrent peuvent faire la différence", avait-elle modestement ajouté.
Mais pour ses joueuses, pas de doute, le "facteur X", c'est Wiegman.
"On a toujours eu un plan de jeu, mais maintenant on arrive à s'exprimer dedans en tant que joueuse", avait souligné la défenseure Millie Bright, interrogée sur ce qu'avait changé Wiegman, dont elle a loué la responsabilisation des joueuses.
"Sarina a ce principe selon lequel c'est celle qui a le ballon qui prend les décisions. On a le contrôle, c'est vraiment la chose que j'ai aimé quand elle est arrivée", avait-elle détaillé.
"On ne sent aucune pression à jouer certaines passes, c'est ta décision et l'équipe doit suivre. Si c'était la mauvaise, tu apprends à prendre une meilleure décision la fois d'après. Pouvoir jouer comme ça me donne beaucoup de confiance. Je me sens vraiment libre", avait encore poursuivi celle qui a été désignée joueuse du match contre l'Espagne.
Face à la Suède, numéro 2 mondiale au classement Fifa, et devant les 30.000 spectateurs qui rempliront le stade de Sheffield, mardi (21h00), la marche sera encore bien haute.
Mais avec son effectif pétri de talent, une des meilleures coaches au monde et le soutien de tout un peuple, l'Angleterre compte bien enfin la franchir.
O.Valdez--RTC