Affaire "Wagatha Christie": victoire de l'influenceuse-enquêteuse Coleen Rooney
Fin d'une bataille d'influenceuses et femmes de footballeurs qui a tenu le Royaume-Uni en haleine: la justice a donné raison vendredi à Coleen Rooney dans le procès rocambolesque pour diffamation que lui avait intenté Rebekah Vardy.
Fausses stories sur Instagram, règlements de compte entre célébrités, procès chiffré en millions... L'affaire suscite un tel intérêt qu'elle a son propre surnom: "Wagatha Christie", référence à WAG (Wives and girlfriends), acronyme utilisé pour désigner les compagnes des sportifs célèbres, et à la célébrissime romancière.
Rebekah Vardy, femme de l'attaquant de Leicester City Jamie Vardy, poursuivait en justice Coleen Rooney, épouse de l'ancienne star du football anglais Wayne Rooney, après que cette dernière l'avait accusée d'avoir fait fuiter des informations la concernant dans les tabloïds.
Mais la juge Karen Steyn a donné raison vendredi à Mme Rooney, estimant qu'il était "probable", comme elle l'affirmait, que les fuites viennent de l'agente en relations publiques de Mme Vardy, Caroline Watt, qui agissait avec l'aval de sa patronne.
"Mme Vardy était au courant de ce comportement et l'a toléré, en s'y engageant activement", a affirmé la juge.
La Haute Cour de Londres, qui a publié son verdict après un procès de dix jours en mai, avait refusé d'informer en avance les deux parties de peur que le jugement fuite.
- "Enquête" sur Instagram -
Tout commence en octobre 2019 quand Coleen Rooney accuse Rebekah Vardy d'avoir transmis au tabloïd The Sun de "fausses histoires" la concernant.
Dans une publication sur Instagram et Twitter largement relayée et tournée en dérision par les internautes, Mme Rooney avait expliqué s'être rendu compte que ce qu'elle publiait sur son compte privé sortait régulièrement dans le journal, qui avait à l'époque une rubrique consacrée aux femmes de footballeurs.
Suspectant Mme Vardy, elle avait expliqué avoir mené l'enquête en "bloquant tout le monde de mes stories sauf UN compte". Elle avait alors publié de fausses histoires sur sa vie - notamment un voyage au Mexique pour un soi-disant traitement permettant de sélectionner le genre de son enfant - pour voir si elles se retrouvaient dans le tabloïd, ce qui fut le cas.
"J'ai fait des captures d'écrans qui montrent clairement qu'une seule personne avait vu" les stories, avait elle affirmé. "C'est... le compte de Rebekah Vardy."
Mme Vardy avait nié et décidé d'attaquer Mme Rooney en justice pour diffamation. Selon la loi britannique, c'était donc à Mme Rooney de prouver la véracité des accusations proférées.
"Je n'ai donné aucune information aux journaux", avait assuré Mme Vardy devant la cour.
"Les accusations dans le post étaient et restent fausses", avait renchéri son célèbre avocat, Hugh Tomlinson, estimant qu'elle méritait des "dommages et intérêts substantiels".
- #TeamRebekah ou #TeamColeen -
Dans son verdict, la juge a admis que les informations révélées "n'étaient pas profondément confidentielles et pouvaient être décrites comme triviales".
"Mais il n'est pas nécessaire que ce soit confidentiel ou important pour relever de la diffamation", a-t-elle estimé. "Il s'agissait d'informations provenant de publications privées que Mme Rooney ne voulait pas rendre publiques."
L'affaire a tellement passionné les internautes qu'ils s'opposaient pendant le procès à coups de #TeamRebekah ou #TeamColeen sur les réseaux sociaux.
Si Coleen Rooney, 36 ans, et Rebekah Vardy, 40 ans, sont devenues des personnalités publiques en raison de leur relation avec des footballeurs, elles sont depuis des "peoples" à part entière. Suivies par des centaines de milliers d'abonnées sur Instagram, elles y partagent régulièrement des photos de leurs enfants respectifs.
Selon des estimations dans la presse locale, le coût du procès se chiffre en millions de livres, les avocats des deux femmes ayant déjà représenté l'acteur Johnny Depp ou l'ancien propriétaire du club de Chelsea, Roman Abramovitch.
M.Allan--RTC