Euro d'athlétisme: une centaine de Français à Munich, "première marche" vers Paris-2024
Trois semaines après des Mondiaux médiocres aux Etats-Unis, l'équipe de France débarque en nombre avec 99 athlètes aux Championnats d'Europe de Munich, compétition prévue de lundi à dimanche et estampillée "première marche" vers les Jeux de Paris-2024.
À Eugene, dans l'Oregon, les Bleus étaient arrivés, puis repartis, sur la pointe des pieds, la seule médaille d'or de Kevin Mayer au décathlon dans les bagages, pour une équipe resserrée.
Critiqué par des athlètes et des entraîneurs pour avoir fermé la porte des Mondiaux à la jeune génération notamment, le directeur de la performance de la Fédération française d'athlétisme (FFA) Romain Barras avait prévenu qu'il ouvrirait les vannes à Munich, à ses yeux une meilleure opportunité dans un contexte moins relevé.
Il a tenu promesse avec 99 sélectionnés (après le forfait de la steepleuse Alice Finot et du lanceur de poids Frédéric Dagée) et une équipe rajeunie (25 ans et sept sélections en moyenne). Vingt-neuf athlètes connaissent en Allemagne leur première ou deuxième sélection, notamment le benjamin Jeff Erius (18 ans), grand espoir du sprint retenu pour le relais 4x100 m.
Aucune des 41 femmes sélectionnées n'est trentenaire, mais la liste compte une "quadra" avec l'éternelle discobole Mélina Robert-Michon (43 ans) pour ses septièmes Championnats d'Europe (médaille d'argent en 2014), elle qui était déjà présente à l'Euro de Munich il y a 20 ans.
- Aucun objectif de médaille prononcé -
"Pour Paris-2024, on a deux ans, c'est le début d'une aventure. Munich, c'est la première marche, les Mondiaux de Budapest (en 2023) seront la deuxième", a estimé Barras à l'issue des Mondiaux.
Problème avec les marches, les Bleus et ses chaperons de la FFA ont plutôt pris l'habitude de les rater ces dernières années, marquées par des résultats en berne, l'instabilité des responsables, des affaires de dopage et une ambiance un temps délétère.
À seulement deux ans du grand rendez-vous des JO à domicile, l'équation menant à de nombreux podiums semble insoluble, alors que peu de Français surnagent au plus haut niveau et que les jeunes ne peuvent pas tous faire des miracles en si peu de temps.
À Munich, la FFA emmène 58 athlètes identifiés "génération 2024", qu'elle aide et rassemble à intervalles réguliers, avec des potentiels très variables. Un groupe qui n'avait pas pu profiter de l'Euro prévu à domicile en 2020, annulé à cause du Covid-19.
Alors que Romain Barras, comme l'encadrement en général, se refuse à tout objectif chiffré, difficile pour la France d'envisager une moisson de médailles dans ce deuxième Euro allemand consécutif, quatre ans après Berlin, malgré une opposition beaucoup moins relevée qu'aux Mondiaux et l'absence des Russes, privés de compétition depuis l'invasion de l'Ukraine en février.
- Zhoya avec le meilleur chrono -
L'équipe de France compte 14 athlètes ou relais dans le top 3 des engagés de leur discipline en 2022.
Quatre figurent même en tête des bilans, dont le champion du monde du décathlon Kevin Mayer, qui dispose d'une marge énorme sur la concurrence et prend le risque d'enchaîner deux compétitions en trois semaines, lui qui n'en dispute qu'une par an habituellement.
Après des progrès fulgurants, Wilfried Happio devra contenir le retour en forme de la star norvégienne Karsten Warholm sur 400 m haies, quand Benjamin Robert devra surmonter sa déception américaine (éliminé en demi-finales) pour assumer son statut de N.1 sur 800 m.
Pour sa première saison en seniors, le jeune Sasha Zhoya (20 ans) débarque aussi avec le meilleur chrono sur 110 m haies (à égalité avec l'Espagnol Asier Martinez, médaillé de bronze mondial).
Et à l'expérience, pourquoi ne pas compter une fois de plus sur le perchiste Renaud Lavillenie, 36 ans dans un mois, quatre médailles européennes dont trois en or en cinq participations, après sa prometteuse cinquième place mondiale à Eugene.
Ch.Schroeder--RTC