RCA Telegram News California - A deux ans des JO-2024, les mauvais comptes de l'athlétisme français

A deux ans des JO-2024, les mauvais comptes de l'athlétisme français
A deux ans des JO-2024, les mauvais comptes de l'athlétisme français / Photo: Patrick Smith - GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

A deux ans des JO-2024, les mauvais comptes de l'athlétisme français

A deux ans de l'évènement d'une vie avec les Jeux de Paris, le compte n'est pas bon pour l'athlétisme français, aux performances estivales mornes, des Mondiaux de Eugene (Etats-Unis) à l'Euro de Munich, achevé sans titre pour la première fois depuis quarante ans. A contre-courant des discours optimistes tirant sur le déni des dirigeants.

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Sous les projecteurs du Club France munichois, où les athlètes français ont pu décompresser et fêter la fin de saison, le président de la Fédération française (FFA) André Giraud a qualifié dimanche le bilan de l'Euro de "moyen", dans son allocution de clôture.

Un rare moment pragmatique parmi les dirigeants, qui disparaît devant les micros et les caméras.

Les chiffres, eux, sont impitoyables.

Il y a un mois, l'athlétisme français quittait l'Oregon avec pour seul bagage l'or mondial du décathlonien Kevin Mayer et évitait de justesse un zéro pointé plus connu depuis près de trente ans (1993). Ce qui n'empêchait pas les instances d'en retenir un "bilan très positif".

Après les Championnats d'Europe de Munich, toujours pas de risque d'excédent de bagages, avec neuf médailles, quatre en argent et cinq en bronze, mais aucune en or. Pour la première fois depuis quarante ans, et pour la troisième fois de l'histoire seulement (après 1982 et 1958), les Bleus repartent sans aucun titre continental.

- Hors du top 20 européen -

Dans la continuité des performances des trois dernières années, la France est cette fois reléguée à une morne 22e place au classement des nations - malgré l'absence des athlètes russes et biélorusses en raison de l'invasion de l'Ukraine. Jamais jusque-là la France n'avait figuré en dehors du Top 20.

Interrogé sur ce bilan historiquement bas, le directeur de la haute performance à la FFA Romain Barras a commencé par se réfugier derrière les "millièmes et centimètres" auxquels tiennent les podiums - à l'image de Pascal Martinot-Lagarde privé d'or pour un millième sur 110 m haies.

Puis il a avancé la fatigue des "cadors de l'équipe de France", Mayer (abandon), le lanceur de marteau Quentin Bigot (7e) et le perchiste Renaud Lavillenie (7e) en tête, avec l'enchaînement inédit Mondiaux-Championnats d'Europe, et autant de "chances de médailles qui s'envolent". Il s'est enfin accroché à la théorie fédérale qui fait de Munich une première marche vers les JO-2024.

"On voulait se servir de ces Championnats d'Europe comme une sorte de socle, une base pour Paris-2024, pour pouvoir aguerrir certains jeunes. Il y en a qui ont répondu présent, avec des podiums, des finalistes, des records personnels (5 sur 99 sélectionnés, ndlr) dans un contexte international", même "intermédiaire", veut retenir Barras, en se décrivant comme "optimiste réaliste".

"C'est sur ça qu'il faut s'appuyer pour construire l'équipe de France de demain."

Mais c'est quand, demain ?

En évoquant déjà l'horizon des JO-2028 et 2032, on comprend à demi-mots que briller aux JO-2024 relève déjà de la mission impossible.

- Pas "magicien" -

"On ne va pas créer de façon spontanée une génération", a fini par concéder l'ex-décathlonien.

"On construit et on espère que ça portera ses fruits. Peut-être que ça sera pour 2028 ou 2032, et tant mieux ! Le but, ce n'est pas simplement de raisonner Paris-2024".

"Peut-être qu'avant les priorités n'étaient pas mises au même endroit", a-t-il taclé.

Après l'image déplorable renvoyée aux Mondiaux de 2019 au Qatar, la FFA avait été la cible de l'Agence nationale du sport (ANS), argentier du haut niveau, et du Ministère des sports, pour une reprise en main devenue un bras de fer qui a fait perdre un temps précieux.

Après avoir usé deux DTN et un directeur de la performance (Florian Rousseau, parti au cyclisme), ce sont désormais Romain Barras et Patrick Ranvier (DTN) qui sont à la barre depuis janvier.

"Je ne suis pas le Messie, ni magicien", a lâché ce dernier dimanche, interrogé sur la possibilité d'une baisse des fonds alloués à l'athlétisme après un tel été.

"Je ne peux pas croire que l'ANS s'attendait à ce que mon arrivée soit miraculeuse et qu'on arrive à obtenir des dizaines de médailles à l'Euro et aux Mondiaux, a-t-il poursuivi. On est tous lucides de notre niveau actuel. L'agence est à nos côtés pour accompagner le travail qu'on est en train de mettre en oeuvre pour s'améliorer en perspective des Jeux de Paris."

Vaste chantier. Mais calendrier serré.

W.Janssens--RTC